Renault, le groupe automobile français, a menacé le japonais Nissan de faire blocage à l’adoption des différentes réformes concernant sa gouvernance s’il ne se voyait pas attribuer une meilleure position au sein de la nouvelle entité. Nissan regrette profondément cette position de Renault.
Cette menace proférée par Renault est une autre preuve de l’intensification des tensions qui règnent entre les deux géants dont le partenariat, vieux d’une vingtaine d’années, est fragilisé depuis l’arrestation il y a 7 mois de Carlos Ghosn, l’ancien dirigeant des deux constructeurs et figure de proue de leur alliance. Les rapports entre Renault et Nissan ont une fois encore été mis à rude épreuve après l’abandon la semaine passée du projet de rapprochement entre le groupe français et Fiat Chrysler Automobiles (FCA).
Hier, le constructeur nippon a confirmé avoir réceptionné une lettre envoyée par Renault et dans laquelle il l’informait de sa volonté de ne pas se manifester le 25 juin prochain lors du vote qui intéresse les changements de gouvernance. De ce fait, cette réforme qui, pour être adoptée, doit recueillir l’approbation de la majorité des deux tiers, ne pourra être entérinée.
Cette décision de Renault part de sa crainte de voir son influence se diluer au sein de la nouvelle entité de gouvernance créée par Nissan et qui est composée de trois comités statutaires réunissant des administrateurs, en majorité indépendants, aucun d’eux n’ayant été proposés par le groupe de Jean-Dominique Senard. Celui-ci estime qu’en tant qu’actionnaire à 43,4 % de Nissan, il devrait proposer au moins un à deux administrateurs par comité, ce qui n’est apparemment pas le cas.
Pour sa part, la société japonaise précise que l’instauration du dispositif formé des trois comités avait fait l’objet d’un vote à l’unanime au sein de son conseil dont font d’ailleurs partie Senard, le président de Renault, et plusieurs hauts cadres du géant français. Dans une annonce, Nissan n’a pas manqué d’exprimer son regret vis-à-vis de la position adoptée par Renault qui vient contrecarrer tous les efforts déployés par l’entreprise pour une meilleure gouvernance.
Le groupe dirigé par Hiroto Saikawa a néanmoins ajouté qu’il ne cesserait pas de militer pour un changement de gouvernance. Renault n’a pas tenu à s’exprimer sur ce point d’achoppement entre lui et son partenaire japonais, mais, selon un proche du géant automobile français, la lettre envoyée par Jean-Dominique Senard traduit une crainte de ne pas être suffisamment représenté dans les comités érigés par Nissan après l’arrestation de Carlos Ghosn en novembre 2018, sur des accusations de malversations financières qu’il dément.
La même source d’ajouter que cette abstention n’est pas définitive et que Renault pouvait encore changer de position, quoique pour le moment, il n’a pas cette assurance d’être bien représenté au sein des trois comités vu sa position d’actionnaire majoritaire de Nissan. Chose troublante, une source différente a laissé entendre que le constructeur au losange ne connaissait pas encore en détails la composition envisagée pour chaque comité.