Le vendredi 14 février, Washington a annoncé qu’il relevait à 15 % les taxes douanières sur les importations européennes d’avions Airbus au lieu des 10 % appliqués depuis le mois d’octobre 2019. Cette mesure, dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 18 mars, s’inscrit dans la série de mesures punitives prises par Les États-Unis à l’encontre de l’UE dans un contentieux de 15 ans.
Cela va faire 15 ans que les États-Unis et l’Union européenne sont à couteau tiré dans le cadre du dossier Airbus. Finalement, en octobre 2019, le conflit a connu un dénouement, puisque l’Organisation mondiale du Commerce a tranché en faveur de Washington.
L’OMC a qualifié d’illégales les aides accordées à l’avionneur Airbus par 4 pays européens, autorisant ainsi les États-Unis à prendre des sanctions à l’encontre de l’UE. Selon l’organisation mondiale, ces aides ont instauré une concurrence déloyale d’Airbus vis-à-vis de son challenger américain Boeing.
Dès le 18 octobre, le gouvernement américain avait aussitôt annoncé des mesures de représailles contre la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne. Cela fait maintenant 4 mois que les Américains appliquent 7,5 milliards de dollars de taxes punitives. En tout, cela représente 25 % de taxes sur les produits industriels et agricoles exportés par les 4 pays et 10 % sur les avions Airbus.
Washington vient d’annoncer que ces taxes punitives contre Airbus, qui étaient jusque-là de 10 %, passeraient à 15 % à partir de la mi-mars. La réaction de l’avionneur européen ne s’est pas faite attendre. Selon Airbus qui dénonce cette hausse, la nouvelle mesure de Washington « crée plus d’instabilité pour les compagnies aériennes américaines qui manquent d’appareils ».
Les avions Airbus qu’elles ont commandés leur coûteront plus cher. Lors de l’annonce de la première mesure de taxation, plusieurs analystes avaient révélé qu’une hausse de plus de 10 % pourrait être contre-productive pour les États-Unis.
Pour le moment, les produits européens comme le vin, le café, le fromage ou les olives, taxés à hauteur de 25 %, sont pour le moment épargné de la surtaxe. Malgré tout, la crainte d’une future surenchère fait planer un sentiment d’inquiétude dans le camp des acteurs de ces secteurs, dans un contexte de tensions commerciales entre Bruxelles et Washington.
Après avoir regretté l’entrée en vigueur des sanctions américaines, les Européens avaient estimé qu’ils n’avaient pas d’autre choix que la riposte. La Commission européenne a finalement appelé à la négociation, même si plusieurs voix s’étaient levées contre les mesures américaines.
Aussi bien le syndicat agricole ibérique que les viticulteurs étaient montés au créneau pour dénoncer ses représailles, qualifiées d’injustes. Pour la plupart des secteurs touchés, les États-Unis représentent l’un des marchés les plus importants, sinon le principal marché. C’est pourquoi les acteurs se considèrent comme des victimes collatérales d’un conflit qui n’est pas le leur.
Pour le gouvernement américain, l’objectif est de sanctionner pour avoir une meilleure marge de manœuvre quand il s’agira de négocier le futur accord commercial transatlantique selon un spécialiste. Les ministres européens se sont d’ores et déjà réunis à Bruxelles le 17 février pour faire part de leur position par rapport à cette nouvelle surtaxe américaine sur les avions Airbus.