
À la suite de son arrestation le 1er décembre 2018 au Canada, Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, a comparu vendredi dernier devant le tribunal de Vancouver. La justice américaine la soupçonne de fraude visant à contourner les sanctions que les États-Unis ont prises contre l’Iran.
La fille de Ren Zhengfei, le fondateur du groupe chinois Huawei, a fait l’objet d’une interpellation à la requête des États-Unis qui exigent qu’elle soit extradée. Les autorités américaines qui réclament son extradition disposent d’un délai de 2 mois pour faire parvenir une demande officielle à la justice canadienne. Des sources proches de l’affaire ont fait savoir que l’arrestation de la femme de 46 ans fait partie d’une enquête menée sur un système de fraude ayant pour but de violer les sanctions américaines prises contre l’Iran. Meng Wanzhou aurait, en ce sens, menti à plusieurs établissements financiers concernant une filiale du géant des télécoms. Elle aurait déclaré que Huawei et Skycom n’avaient pas de lien direct, alors que les deux entreprises n’étaient qu’une seule et même entité, d’après les dires du Procureur canadien. Lors de l’audience devant le tribunal de Vancouver, celui-ci a appelé la cour à ne pas donner suite à la demande de remise en liberté de la responsable chinoise, au prétexte qu’il existe un réel risque qu’elle s’enfuit du pays.
L’interpellation de Meng Wanzhou a eu l’effet d’une bombe atomique sur les marchés boursiers du monde, alimentant les nombreuses craintes des investisseurs quant à une nouvelle mise en péril des relations commerciales entre Washington et Pékin qui commencent à peine à s’améliorer. En effet, pendant le sommet du G20, les présidents des deux pays se sont accordés 90 jours pour trouver un accord commercial. Selon certains hauts responsables, Donald Trump n’a préalablement pas été mis au courant de cette décision pour écarter les soupçons d’une autre provocation américaine. Si Wanzhou est jugée devant un tribunal américain, elle encourra une peine pouvant aller jusqu’à 30 ans d’emprisonnement. Le gouvernement chinois, dont la directrice financière serait proche, a estimé que les droits de cette dernière étaient violés et a exigé qu’elle soit libérée. Dans un communiqué, Wang Yi, le ministère chinois des Affaires étrangères, a souligné que l’ambassadeur du Canada en poste à Pékin avait été convoqué par les autorités chinoises pour transmettre leur message.
Si Wanzhou souhaite recouvrer sa liberté, elle devra s’acquitter d’une caution de plusieurs millions de dollars et se verra retirer son passeport. Si elle prend la décision de faire opposition à son extradition, l’affaire pourra durer encore très longtemps, comme ce fut le cas pour l’homme d’affaires chinois Lai Changxing, impliqué dans un cas de corruption et qui, en fuite au Canada, avait lutté contre son extradition vers Pékin sur une période de 12 ans. Vendredi dernier, l’équipementier télécoms Huawei a annoncé la nomination de Liang Hua pour assurer l’intérim de Meng Wanzhou à la tête du service financier du groupe.
10 décembre 2018 La Rédaction