
Le vendredi 14 juin 2019, le groupe chinois Haitong International Securities a fait savoir qu’il suspendait sa collaboration avec UBS en raison d’une polémique en Chine née à la suite de propos du chef économiste de la banque suisse concernant les porcs chinois. Ses paroles ont été considérées par certains comme une insulte, qualifiée de raciste.
Dans un courriel, dont Reuters a eu l’exclusivité, Haitong International, société de courtage spécialisée dans les valeurs mobilières, a annoncé que dans l’immédiat elle ne travaillerait plus avec UBS, l’entreprise suisse de fourniture de services financiers. Elle a souligné qu’elle n’avait pas encore décidé de la date d’une éventuelle reprise de leur collaboration. D’après les propos d’un employé de l’entreprise chinoise, l’information a été rendue publique par son directeur général, Lin Yong, sur son compte WeChat.
Un autre employé a déclaré que l’ensemble du personnel de la structure a reçu un courriel à l’interne à ce sujet. La raison de cette décision provient du tollé provoqué par l’analyse de Paul Donovan, chef économiste monde du département gestion de fortune d’UBS, concernant la flambée des prix en Chine. Selon lui, cette inflation se justifie par la pandémie de peste porcine africaine qui sévit actuellement dans le pays et qui a déjà fait des millions de victimes chez les porcins. Il a déclaré que l’impact de ce phénomène était « important si vous êtes un porc chinois » et « si vous aimez manger du porc en Chine ».
Dans un communiqué, l’entreprise UBS a présenté ses « excuses sans réserve » pour ce qu’elle a qualifié de « malentendu » provoqué par des « propos innocents ». Elle a ajouté que le commentaire de Donovan faisait en fait « référence à l’inflation et à l’augmentation des prix à la consommation en Chine » favorisées par la montée des coûts du porc. Ces excuses et explications ne sont malheureusement pas parvenues à apaiser la colère de certains financiers qui ont réclamé un boycott de la banque suisse.
Dans le même communiqué, le groupe UBS a fait savoir qu’il ne prenait pas cette affaire à la légère et qu’il renforçait ses procédures à l’interne, afin d’éviter pareille situation à l’avenir. Il a, par ailleurs, réaffirmé sa détermination à investir en République chinoise. La Chinese Securities Association of Hong Kong (HKCSA), qui réunit 124 sociétés parmi lesquelles des filiales étrangères de courtiers et dont Lin Yong est d’ailleurs le président, a affirmé jeudi dernier avoir réclamé d’UBS le limogeage de Paul Donovan et la présentation d’excuses officielles par son conseil d’administration (CA), en attirant l’attention des entreprises et particuliers à revoir leurs rapports d’affaires avec la banque suisse.
En réponse aux excuses présentées par le CA d’UBS, la HKCSA lui a fait savoir que celles-ci n’étaient pas sincères, qu’elles étaient en plus condescendantes et qu’elles heurtaient une fois encore la sensibilité de la population chinoise. Rappelons qu’UBS est la première institution étrangère à diriger un établissement financier chinois.