La grève observée par les pilotes d’Air France est maintenant la plus longue qu’a connue l’entreprise. Mais ce n’est pas tout. Elle a également de nombreuses et lourdes répercussions qui inquiètent les différents acteurs du trafic aérien.
Avec 11 jours de mouvements, la grève effectuée par les pilotes d’Air France établit un nouveau record. Il s’agit maintenant de la plus longue grève enregistrée dans l’entreprise. Mais la durée n’est pas la seule particularité de ce mouvement de grève. Il a également de lourdes conséquences.
Selon la compagnie Air France, ce mouvement de grève entraine de lourdes pertes d’exploitation. Ces dernières pourraient s’élever à 20 millions d’euros par jour. Avec de telles pertes, les prévisions sur les résultats financiers de 2014 devront être revues à baisse, ce qui augure encore une clôture dans le rouge cette année. Et avec la prolongation du mouvement de grève, les choses ne feront qu’empirer.
Air France n’est pas la seule à être touchée par ces mouvements de grève. Les agences de voyages commencent également à s’inquiéter. Selon le Snav (Syndicat national des agences de voyage), ces grèves ont engendré durant la seule première semaine un coût supplémentaire de 5 millions d’euros. Le syndicat souligne également la difficulté des agences de voyages à trouver des vols de remplacement pour leurs clients enregistrés à bord des avions immobilisés au sol. Cette difficulté est particulièrement accrue pour les clients ayant opté pour les forfaits tourisme. Ces derniers incluent au moins deux prestations dépassant une nuitée et sont vendus tout frais compris, le vol inclus. Air France représente environ la moitié des 22 millions de billets pour une valeur approximative de 10 milliards d’euros. Le syndicat a, par ailleurs, prévenu qu’il demandera le moment venu à Air France de compenser cette perte.
Les clients paient également le tribut de la grève. Lors de cette dernière, 52% du trafic de la compagnie a été arrêté, immobilisant et bloquant ainsi des milliers de personnes. Avec l’augmentation de la demande, les prix aux alentours ont flambé. Lors de la première semaine de grève, le prix moyen de la nuitée a augmenté de 44% à Roissy. Au cours de la deuxième semaine de grève, le prix de la nuitée à Orly a connu une augmentation de 48% tandis qu’aux alentours du second aéroport de Roissy, la hausse atteignait 21%. A Lyon aussi les prix ont augmenté de plus de 30% cette fois.
Les aéroports français redoutent de leur côté une fragilisation de tout le transport aérien national. Une fragilisation qui impactera également les collectivités territoriales selon eux. Par leur dynamisme, les aéroports contribuaient grandement au développement territorial. Un gâchis selon l’Union des aéroports pour un pays qui se bat pour sortir de la récession et dont le transport aérien est l’un des facteurs de croissance. Le principal point d’achoppement de cette grève est le projet de filiale Transavia Europe. Les syndicats craignent en effet qu’il ne s’agisse d’un système qui aura pour aboutissement une délocalisation rampante et un dumping fiscal.
Les “négociations” terminées mais pas clairement abouties, le SNPL, syndicat majoritaire des pilotes a décidé de mettre fin au mouvement. Rien a évolué, chaque partie restant sur ses positions. Les pertes sont donc à ce jour de 250 millions d’euros ; sans compter les dédommagements à apporter aux différents tour operateurs, aux usagers (remboursement des billets) et probablement aux syndicats du tourisme afin de combler le manque à gagner et les difficultés à gérer les dossiers des différents interlocuteurs du secteur (aéroports, agence de voyages, grands sites touristiques,etc). De quoi plomber considérablement les comptes de la société (déjà dans le rouge) et mettre en déséquilibre la pérennité d’un groupe au bord du crash ; et par conséquent de mettre à mal les quelques 100 000 emplois que représente le groupe AirFrance-KLM.
Vendredi 26 Septembre 2014 La Rédaction