Suite à l’arrestation, le lundi 19 novembre 2018, de Carlos Ghosn, plusieurs hauts responsables de l’union Renault-Nissan et Mitsubishi se réuniront cette semaine à Amsterdam. Ils tenteront d’y trouver une issue afin d’éviter un bras de fer qui pourrait être fatal pour leur collaboration.
Rassurant les différents acteurs, Hiroto Saikawa, directeur général de Nissan qui assure l’intérim de Ghosn à la tête du groupe, affirme toute sa détermination pour la conservation de la coalition. Il estime toutefois que pour l’avenir, le français Renault qui détient 43,4 % des actions du constructeur japonais ne devrait plus exercer une domination au sein du conseil d’administration. Selon les médias japonais, le franco-libanais de 64 ans et Greg Kelly, son homme de main chez Nissan, supposé complice, ont tous les deux rejeté en bloc les faits qui leur sont reprochés. Ils auraient essayé de soustraire à la connaissance du fisc une fraction des revenus de Ghosn et ce dernier aurait détourné des fonds de l’entreprise à des fins personnelles.
L’arrestation de Carlos Ghosn a attisé les tensions internes qui prévalent au sein de l’alliance franco-nippone. Alors que Renault détient 43,4 % des parts de Nissan, le groupe automobile japonais ne dispose lui que de 15 % du capital du constructeur français, sans aucun droit de vote. Plutôt que de démettre Ghosn de ses fonctions, tout comme Nissan l’a fait le 22 novembre dernier, Renault, sur la base de l’accord de 2002, prévoit de désigner un administrateur supplémentaire à la tête du groupe nippon. Le Directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, a tôt fait de manifester son opposition formelle à ce droit dont dispose le groupe automobile français.
Arndt Ellinghorst, analyste à Evercore affirmait dimanche dernier que le tissu relationnel entre Nissan et Renault doit absolument être rééquilibré. Il exhorte par ailleurs le groupe français à diminuer de moitié ses actifs dans Nissan et à, de nouveau, acquérir ses propres titres avec le produit qui en résultera. Le dirigeant de Bercy, Bruno Lemaire, a, lui aussi, réaffirmé son attachement à l’alliance Renault-Nissan qu’il souhaite voir renforcer par le respect des participations croisées telles que définies. Il juge également préférable que les dispositions qui stipulent que le responsable chapeautant l’alliance doit également être le même que celui du groupe au losange, doivent être respectées. En outre, il demande une fois de plus que les charges pesant sur Carlos Ghosn soient au plus vite communiquées à Renault et à l’État français.
La réunion à Amsterdam sera décisive pour le futur du groupe. Elle permettra au tandem Thierry Bolloré-Philippe Lagayette, nommé PDG par intérim de Renault, d’être en face de Hiroto Saikawa pour la première fois depuis la garde à vue lundi dernier de Carlos Ghosn. Cette rencontre verra également la participation des dirigeants de Mitsubishi, le petit poucet de l’alliance. Les trois protagonistes de l’alliance ont tenu à préciser que la collaboration au sein de cette alliance continuait à se dérouler sans accroc.
26 novembre 2018 La Rédaction