Invité dimanche dernier lors du Grand Rendez-vous d’Europe 1, Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie et des Finances, a déclaré que le gouvernement envisage une réduction des aides sociales dans le domaine de l’emploi si suffisamment d’emplois étaient créés. Cette mesure permettrait de contribuer, d’une certaine façon, à la bonification des finances publiques.
Même si le ministre n’a pas précisé les aides sociales visées, selon un document de la direction du Budget, révélé vendredi par le quotidien Le Monde, Bercy étudiait des pistes destinées à revoir les critères d’attribution de certaines aides sociales, ou à réduire leur montant. Ainsi, s’agissant des aides personnelles au logement (APL) accordées aux étudiants, les minima sociaux et les prestations familiales pourraient être intégrés dans les ressources qui servent de base à leur calcul. Pour les bourses sur critères sociaux, les plafonds de ressources pourraient être abaissés ou le contrôle d’assiduité au cours renforcé afin d’accroître le ciblage des aides.
Dans ce document, intitulé « Transformer les prestations sociales », la direction du Budget fait état de ce que les aides sociales représentent « un poids croissant » pour les finances publiques et qu’elle équivalent à environ 26 % des dépenses. Le cabinet du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a précisé qu’il s’agissait d’un « document de travail technique et que la préparation du budget 2019 n’en était qu’au stade des travaux préparatoires ».
Le ministre de l’Économie et des Finances a également expliqué que la lutte contre les inégalités en France n’est pas la bonne puisque depuis 20 ou 30 ans, celles-ci sont compensées par des aides sociales toujours plus élevées. Il souligne qu’il faudrait « rompre avec ces inégalités à la racine, en formant mieux, en qualifiant mieux, en donnant des emplois », afin de réduire le montant alloué aux aides sociales. Il assure, par ailleurs, que cela n’empêchera pas le gouvernement de continuer à apporter son aide aux plus défavorisés, évoquant notamment « les hausses de l’allocation adulte handicapé (AAH) et du minimum vieillesse, ainsi que le maintien du crédit d’impôt pour l’emploi à domicile ».
L’un des objectifs du gouvernement est de réduire les dépenses d’ordre public de près de trois points de PIB sur les cinq prochaines années, ce qui correspond à environ 70 milliards d’euros que se partageront l’État, l’assurance chômage, la Sécurité sociale et les collectivités territoriales. De ce fait, il est prévu la signature de contrats de performance financière par près de 322 collectivités d’ici à la fin du mois de juin, ce qui crée une certaine restriction quant à la cadence de progression de leurs dépenses. Sur la même lancée, Bruno Le Maire a laissé entendre que le gouvernement continuera à « réduire la dépense publique dans les ministères », estimant que chacun devait « porter sa part du fardeau ».
Le gouvernement souhaite, en outre, parvenir à une chute d’un point du « taux de prélèvements obligatoires d’ici à l’horizon 2022. Et sur les cinq années à venir, Bruno Le Maire ne projette pas la création d’un nouvel impôt.