Contrairement aux autres pays d’Europe, l’Angleterre se remet assez vite de la crise économique de 2008. Voici les tenants et les aboutissants d’une croissance qui fait envie.
Alors que la crise de 2008 continue à affecter la plupart des économies occidentales, le Royaume-Uni semble avoir trouvé la recette pour ramer à contre-courant de la tendance globale et renouer avec une croissance qui devrait s’élever à 3,7% cette année, alors qu’elle se fait désirer dans l’union européenne en dépit de nombreuses promesses des dirigeants. Quelles sont les clés de la réussite britannique et quelles sont les différences entre l’orientation de Londres et celle de Paris?
La crise économique aura été l’occasion pour les britanniques de réaliser la transition vers ce qu’ils baptisent désormais The Big Society : un cocktail de libéralisme économique, marqué par un désengagement plus important de l’état, et de politique monétaire volontariste, qui a fait ses preuves. En effet, alors que le gouvernement réduisait ses dépenses publiques, en agissant notamment sur ses charges sociales et en restructurant l’administration de sorte à laisser une plus grande marge aux acteurs économiques, la Bank Of England (BoE), elle, faisait l’option de baisser ses taux directeurs afin de redonner du pouvoir d’achat aux britanniques. Cette combinaison qui s’est avérée payante a été accompagnée par une politique fiscale incitative et des initiatives audacieuses à l’instar du programme ‘Help to Buy’ qui appuie la propriété immobilière. Si ces mesures se sont traduites par une évolution haussière de la croissance, elles ont par contrecoup menée à un déficit budgétaire (5,8% du PIB du royaume en 2013) nettement plus élevé que celui des membres de l’UE (environ 3%).
L’une des retombées positives du passage à la Big Society est le retour d’une compétitivité enviable à plus d’un égard. La politique britannique a favorisé l’investissement et la consommation des ménages. Cette tendance n’a pas manqué d’avoir un effet d’entraînement sur l’emploi puisque la courbe du chômage est décroissante (7,7% au second semestre 2012 contre 6,5% actuellement et 5,6% en fin 2015). De plus, la compétitivité a été boostée par le recours au gaz de schiste, ce qui a permis une réduction notable des coûts de production.
Lorsqu’on se livre à un exercice de comparaison de la politique britannique, avec celle menée outre-manche, on constate des différences fondamentales qui porte sur : les dépenses publiques, la gestion du déficit budgétaire, et les politiques sociales. En effet, alors que le Royaume-Uni a procédé à la réduction des effectifs de son administration et à l’augmentation de l’âge de la retraite qui est passé de 65 ans à 69 ans, la France poursuit toujours le recrutement dans le public. De plus, pour l’Hexagone, qui est membre de la zone euro, il était impératif de maintenir le déficit budgétaire en dessous de 3%. Le Royaume-Uni, qui n’appartient pas à cette zone monétaire a pu avoir les coudées franches pour mener une politique budgétaire plus libérée. Si le miracle anglais donne envie à travers le monde, il ne manque cependant pas, de se trouver des détracteurs en France, à l’image de Claude Bartolone, président de l’assemblée nationale, qui affirmait en début d’année : « Oui, il y a un modèle anglo-saxon, mais ce n’est pas le nôtre. Chez nous, ce n’est pas le pays du marche ou crève et des services publics en lambeaux. »