Fort de ses résultats de l’année passée, près de 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires réalisé et quelques 500 millions de bénéfices, l’irlandais KING promoteur du jeu mobile Candy Crush a décidé d’introduire son entreprise à la bourse de New-York. Mais voilà, cette introduction est accueillie plutôt froidement par les investisseurs qui émettent de nombreuses réserves sur la rentabilité de l’opération.
L’entrée en bourse de Candy Crush est pour le moins remarquée car de nombreuses critiques et réserves l’ont suivie. Les analystes n’hésitent pas à la comparer à l’aventure de FarmVille qui a perdu actuellement la moitié de ses valeurs, même si l’entreprise est plus mature financièrement que ne l’étaient Zynga ou Twitter à leur entrée en bourse respective.
Le fait que le King (du divertissement numérique) veuille introduire sa société en bourse est plutôt compréhensible. En effet, Candy Crush, le jeu vedette de la société a été téléchargé plus de 500 millions de fois, ce qui fait de lui l’un des jeux les plus téléchargés. De plus, on estime à 93 millions le nombre de personnes le jouant chaque jour. Cette affluence est due au format du jeu qui se joue en de courtes séquences sur 500 niveaux différents, idéal pour passer une pause ou attendre dans un hall. De plus, le promoteur de Candy Crush affirme avoir développé un « modèle unique et différencié » de développement de jeux qui lui permettra de créer d’autres jeux tout aussi intéressant que celui-ci qui constitue plus de 70% de son chiffre d’affaire actuellement. Il est à noter que l’année dernière King a effectué $568M de bénéfices sur des ventes d’un montant de 1,9 milliards, ce qui représente une augmentation de 40% par rapport à l’exercice précédent. Il a donc déposé une offre publique pour vendre 22 200 000 parts d’une valeur globale de 5 milliards de dollars. Mais bien que le stock ait diminué de 6% après son premier marché, la valeur des actions a baissé de 15,56% passant de 20,50 (au lieu des 22,50 prévus) à 19,00$, signe d’une certaine méfiance du public par rapport à cette transaction.
L’une des plus grandes raisons de réticences par rapport à l’introduction en bourse de la société King est que son entreprise repose presque entièrement sur le jeu Candy Crush. Celui-ci constitue en effet presque 80% de son chiffre d’affaires et est considéré par les financiers comme un phénomène de mode. Ces derniers craignent donc de voir la valeur de la société baisser de façon drastique une fois que cette mode disparaitra. Cette crainte est accrue par la baisse observée au niveau du nombre de personnes payant le jeu. L’introduction en bourse semble donc plutôt risquée quand on sait qu’après, King devra montrer à ses actionnaires des résultants cohérents doublés de profits toujours croissants. De plus, dans le secteur du jeu, la réussite est souvent le fruit de facteurs pour le moins aléatoires, et donc incontrôlables. La preuve, le succès n’est venu qu’une décennie après leurs débuts, et les jeux succédants à Candy Crush ne semblent pas tellement appréciés par le public. L’extrême compétitivité du secteur des jeux mobile est également une autre raison de réticence du public. En effet, pour ce type de produit, les coûts marginaux sont très proches de 0, ce qui favorise l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché. La dépendance par rapport à un seul jeu, et l’incertitude de croissance du chiffre d’affaires sont donc les principales causes de la méfiance des investisseurs face à cette introduction en bourse qui risque de tourner court.
11 avril 2014 La Rédaction