Que ce soit Apple, Ford, DuPont, Otis, Intel, Rolls-Royce, Siemens à l’international, ou Rossignol, Atol, les jeux Nathan en France, les entreprises choisissant la relocalisation sont de plus en plus nombreuses. Ces entreprises, après avoir délocalisé leur production pendant des années décident pour plusieurs raisons, de revenir au bercail. Pourquoi ces revirements ?
Il y a quelques années, la relocalisation se présentait comme le remède miracle contre la hausse des coûts de production en Amérique du nord et en Europe. De nombreuses entreprises avaient alors emprunté cette voie. Mais, force est de constater que quelques années après, le mouvement contraire est en marche. Examinons les raisons de ce revirement, que certains qualifient de “version économique de l’enfant prodigue”.
Dans l’absolu, le concept de la délocalisation paraissait simple. Exporter la production pour profiter d’un coût de travail plus bas. Mais, dans la réalité, de multiples problèmes viennent compliquer cette équation, pourtant simple au départ. Le premier de ces problèmes est le besoin de formation qui se ressent la plupart du temps dans les pays d’accueil. De plus, le contrôle de la production, se faisant à distance, se révèle difficle voire inefficace. Cela entraîne des problèmes, notamment en ce qui concerne la qualité des produits fournis, mais également la coordination entre les différentes équipes, ce qui peut se révéler dangereux dans les domaines où la réactivité joue un rôle important. Le manque de compétence sur les sites de production rend nécessaire le déplacement de spécialistes et ingénieurs, ce qui constitue parfois des frais intermédiaires assez importants. En outre, le délai de livraison ainsi que les coûts de transports se révèlent beaucoup plus élevés lorsque le lieu de production est à des milliers de kilomètres de celui de consommation ; les sociétés perdant surtout en réactivité. Un autre facteur jouant en défaveur de la délocalisation est l’augmentation du coût du travail dans les pays d’accueil, en Chine notamment. Enfin, la production externe rend les entreprises plus exposées à l’espionnage industriel, à la copie et au plagiat.
L’un des principaux avantages de la relocalisation est qu’elle accroît la réactivité au niveau de la production tout en étant un gage de bonne qualité, puisque le suivi de la production est plus efficace. Outre un gain de flexibilité, l’entreprise est également beaucoup plus efficace en matière de livraison, puisque les durées sont plus courtes. Les frais de transports se retrouvent également diminués. Enfin, les pays dans lesquels s’opèrent ces relocalisations disposent des meilleurs ingénieurs formés dans les meilleures universités, très avancées en matière de recherche.
Réactivité, flexibilité et main d’oeuvre qualifiée permettent alors aux entreprises de mieux s’adapter et se positionner sur leur marché ; que la relocalisation ait pour but un rapatriement d’unités productives dans le pays d’origine, ou une relocalisation à proximité des marchés.
Le Made In France, prôné par Arnaud Montebourg, a peut-être encouragé ces relocalisations ; les groupes voulant donner à leur image un côté “Fait proche de chez vous”. Intersport, dans ce sens, a racheté il y a peu l’usine nantaise Cycleurope afin de rapatrier sa production de vélos, faîte jusqu’alors en Bulgarie, Italie et Portugal. Profitant de l’occasion pour rebaptiser cette usine “Manufacture Française du Cycle”, Intersport souhaite se positionner ainsi comme référence du cycle français dans la grande distribution dans l’opinion du consommateur en venant concurrencer Décathlon, qui produit à Villeneuve-d’Ascq, sur son propre terrain ; et en créant par la même occasion des emplois au niveau national.
Malgré toutes ses promesses, la relocalisation ne peut être réussie que si certaines conditions sont réunies. La principale est l’adaptation aux nouvelles conditions de production, de manière à pouvoir profiter des avantages de cette démarche. La plupart du temps, cela requiert un changement radical de méthode de travail, puisque le faible coût de la main d’œuvre précédemment obtenu ne prévaut plus dans ce contexte. Les entreprises devront donc trouver de nouvelles politiques afin de pouvoir tirer le meilleur de leur nouvel environnement. Enfin, face à la vague de relocalisation qui s’observe, les pays hôtes devront adapter leurs compétences aux nouveaux besoins qui s’expriment.
31 mars 2014 La Rédaction