Pour son exercice en cours, Nissan s’apprête à faire son plus mauvais résultat après 11 ans. La crise Ghosn et la disgrâce qu’elle a jetée sur la réputation du 2e constructeur automobile japonais aurait encore des répercussions graves sur les résultats du groupe. Nissan prévoit pour l’exercice 2019-2020 une dégringolade de 28 % de son bénéfice.
Depuis le début de la crise Ghosn, le groupe nippon connaît une descente aux enfers qui semble sans fin, dont le dernier épisode en date est une énorme contre-performance du constructeur. Après l’éclatement du scandale, Hiroto Saikawa, l’actuel directeur général du groupe NISSAN, qui a engagé de profondes réformes dans la gouvernance du groupe, est soumis à une énorme pression. Une pression à laquelle s’ajoute la responsabilité des futurs équilibres de l’alliance Nissan Renault.
Détenu à 43,4 % par Renault, avec qui le groupe japonais est dans un terrible bras de fer, Nissan annonce une prévision de chute de son bénéfice opérationnel à hauteur de 28 % sur l’exercice en cours. L’exercice, dont le terme était prévu pour 2020, rapporterait désormais 230 milliards de yens, soit 1,9 milliard d’euros. Or, selon les prévisions de 23 analystes, rapportées par le consensus Refinitiv, les bénéfices devaient être de 457,7 milliards de yens contre 318 milliards pour l’exercice passé. Cette chute de 28 % rappelle le résultat de l’exercice de l’année passée qui s’était clos avec une chute de 45 %.
Le mois dernier, Nissan avait tout de même laissé entendre que son bénéfice annuel connaîtra une baisse en raison de l’extension sur son marché américain de ses garanties automobiles. La pression sur le groupe japonais est telle qu’il a dû abandonner le plan stratégique moyen terme, présenté l’année dernière par Carlos Ghosn et qui prévoyait une forte marge de bénéfice opérationnel.
Abandonnant l’objectif de 8 %, Nissan se résout désormais à une marge opérationnelle de 6 % d’ici à 2022. L’impact sur le chiffre d’affaires est conséquent, celui-ci passant de 16 500 milliards de yens initialement visés à 14 500 milliards. Ces résultats catastrophiques exercent une pression sur l’action Renault qui a connu 3 % de baisse à la Bourse de Paris peu avant midi, sa plus forte baisse depuis le début de l’année. De son côté, à la clôture de la bourse de Tokyo, l’action Nissan a, elle aussi, connu une baisse de 2 %, alors même qu’elle avait clôturé l’année précédente sur une baisse de 20 %.
Les mauvais résultats de Nissan sont en partie le fait de la correction à la hausse de la rémunération totale sur une longue durée de Carlos Ghosn. Cela avait permis de revoir à la baisse le bénéfice annuel du groupe.
De nouveaux éléments de preuve ont été mis en évidence par les responsables du groupe nippon qui détaillent les malversations de l’ancien directeur général. De présumés transferts de cash entre un homme d’affaires saoudien et l’ancien homme fort de Nissan ont permis au parquet de réviser les chefs d’inculpation contre Carlos Ghosn, selon le rapport de Kyodo ce mardi.