Didi Chuxing, le plus grand concurrent chinois d’Uber, a annoncé hier qu’il suspendait son service de covoiturage, à la suite du viol et du meurtre d’une jeune passagère par l’un de ses chauffeurs vendredi après-midi. L’entreprise a affirmé reconnaître sa responsabilité dans l’affaire.
Le groupe Didi Chuxing, surnommé le « Uber chinois », est le numéro un en matière de réservation automobile avec chauffeur en Chine. Samedi, les responsable du ont fait une révélation selon laquelle ils avaient reçu la veille du meurtre un signalement provenant d’une précédente passagère qui dénonçait le chauffeur incriminé. D’après les propos de la plaignante, le conducteur l’aurait déposé dans une zone reculée, puis se serait mis à la suivre en voiture juste après qu’elle soit descendue du véhicule. L’entreprise qui s’est confondue en excuses a admis que son service client avait failli a sa promesse de réponse dans le délai de deux heures indiqué et qu’elle n’avait pas non plus procédé à une enquête rapide à propos de ce signalement, soulignant par la même occasion la complexité du processus de partage de l’information avec les services de police. Elle a ajouté que quelle que soit la raison de cet acte, elle assumait une responsabilité indéniable.
Le suspect, un homme de 27 ans, a rapidement reconnu les faits après son interpellation samedi matin. La police a précisé que le cadavre de la jeune fille avait été retrouvé et que l’enquête criminelle suivait son cours. Le géant chinois du covoiturage qui entend bien montré qu’il a un excellent processus de recrutement a déclaré dimanche que le suspect ne possédait pas de casier judiciaire, que les documents qu’il avait produits étaient authentiques et qu’il avait même été soumis à un test de reconnaissance faciale bien avant d’être engagé. Dans la foulée, l’entreprise a affirmé avoir procédé au licenciement du responsable de Didi Hitch et du président du service consommateurs.
Le meurtre de vendredi vient s’ajouter à d’autres défaillances sécuritaires liées à Hitch. En mai dernier, une autre cliente, une hôtesse de l’air âgée de 21 ans, avait été brutalement assassinée par un chauffeur de Didi. L’entreprise avait alors essuyé de nombreuses critiques, beaucoup lui reprochant un certain laxisme en matière de sécurité. Cet incident l’avait à l’époque incitée à revoir et renforcer sa réglementation. C’est donc sans surprise que le nouveau meurtre a déclenché une vague immense d’indignation en Chine sur le Web. Li Xiaopeng, ministre chinois des Transports, a fustigé hier les failles de sécurité criardes du groupe. Il a exigé que Didi « prenne des mesures concrètes pour assurer la sécurité des passagers », en améliorant notamment les contrôles et la formation de ses conducteurs. L’entreprise avait annoncé qu’elle suspendrait l’application Didi Hitch le même jour à partir de minuit, le temps d’évaluer à nouveau son modèle économique.
Les chiffres qui ont été communiqués font état de ce que le service Hitch a enregistré pas moins d’un milliard de voyages sur les trois années écoulées.
27 août 2018 La Rédaction