Les électeurs britanniques ont infligé le 7 mai dernier aux instituts de sondage une forte raclée dont ceux-ci peinent encore à se remettre. En effet, les sondages pré-électoraux plaçaient les deux principaux partis (le Parti travailliste et le Parti conservateur) dans un coude-à-coude très serré (34% pour les Conservateurs contre 33% pour les Travaillistes la veille du scrutin). Mais les urnes ont révélé le 7 mai un tout autre tableau.
Le Parti conservateur a eu une victoire écrasante en briguant à lui tout seul 331 sièges sur les 650 du parlement contre seulement 232 pour le Parti travailliste, soit 50,9% du total des sièges contre 35,7%. Les instituts de sondage s’en frottent encore les yeux. Comment Populus, Ipsos MORI, ComRes et tous ces instituts de sondage ont-ils pu se tromper à ce point ?
Une situation similaire, il convient de le souligner, s’était déjà produite lors des élections de 1992 où les sondages étaient totalement inexacts. Partis pour être gagnants selon les sondages, les travaillistes avaient finalement été battus avec une différence de neufs points par les conservateurs.
Mais cette fois-ci, John Curtis, président du Conseil britannique des instituts de sondage a annoncé qu’il a été ouvert une enquête indépendante pour examiner les causes probables de ce gros décalage entre les sondages et les résultats des scrutins. Mais pour le moment seulement quelques hypothèses peuvent expliquer le problème.
En effet, il existe des électeurs qui ne prennent leur décision que dans les dernières 24 heures, ce qui a une incidence non négligeable sur les tendances globales. Tom Mludzinski de l’institut de sondage ComRes confie à ce sujet : « nous avons effectué un sondage dans la journée sur environ 4000 personnes et près de 12-13% ont pris leur décision dans les dernières 24 heures ». Il ajoute que « la nuit avant les élections, 20% sur les 4000 ont avoué qu’ils pourraient changer de décision ». Peut-être faut-il croire que Ipsos MORI, ComRes, Populus et tous les autres instituts de sondage ont négligé cet aspect des choses dans leurs sondages.
Littéralement, cela signifie les « Tories timides ». En effet, il s’agit des électeurs pro-conservateurs qui, pour une raison ou une autre, ne veulent pas afficher leur position et préfèrent ne pas avouer qu’ils votent pour le Parti conservateur. L’écart de 1992 avait été lié aux « shy Tories » et cette fois encore le problème s’est visiblement présenté.
Certains analystes par contre se posent de sérieuses questions sur l’efficacité des méthodes utilisées pour la constitution des échantillons. Il faudra cependant attendre les résultats des enquêtes pour en savoir davantage sur les causes réelles de ces erreurs de sondage. La seule certitude que nous ayons pour l’heure est bien résumée par David Cameron qui l’a formulée ainsi après sa propre réélection : « il n’y a qu’un sondage qui compte, c’est celui du scrutin et je pense que ça n’a jamais été plus vrai qu’aujourd’hui ».