Kodak et Blackberry étaient des sociétés emblématiques et leaders sur leur marché respectif. Mais depuis l’avènement de la nouvelle technologie, les deux sociétés ont été pris dans la tempête jusqu’à déclarer faillite. Kodak a été frappé par l’ère du numérique tandis que Blackberry a été asphyxié par le tout tactile.
Eastman Kodak est une société créée en 1880 aux Etats-Unis. La société a connu un essor remarquable au début du XXe siècle dans le secteur de la photographie, un marché qu’il a crée et qu’il a dominé jusque dans les années 2000. L’aventure industrielle de Kodak riche en recherche et développement lui a valu d’être le n°1 de la photographie dans le monde. 19.576 brevets ont été déposés et ses créations sont encore utilisées dans le quotidien pour ne citer que la technologie OLED. En 1982, Kodak est entré sur le marché boursier et devient la 6ème capitalisation boursière américaine. Mais avec l’avènement du digital, Kodak amorçait son déclin au point d’être placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites en 2012. Incapable de suivre les pas de Sony, Canon ou encore Fuji dans l’ère du numérique, Kodak était contraint de cesser certaines opérations lorsqu’il a voulu se lancer dans cette nouvelle technologie de la photographie, totalement différente du monde de l’argentique. Treize usines et 130 laboratoires photo ont été fermés en seulement huit ans. Eastman Kodak a aussi subi une réduction drastique de ses effectifs, de 64.000 à 17.000 salariés, depuis 2003. En 2003, l’action avait perdu 90% de sa valeur pour atteindre 55 cents contre plus de 100 dollars dans les années 1970. Le titre de Kodak continuait à s’effondrer à la Bourse de New York avant de quitter l’indice Dow Jones, dont il faisait partie depuis 1930, en 2004. Et pour rembourser ses dettes, Kodak était contraint de se séparer de toutes ses activités à destination du grand public comme la fabrication d’appareils photo, le tirage de photo, le site internet d’albums photo, etc. Son portefeuille sur l’imagerie numérique a suscité la convoitise des grandes marques de l’informatique et de la téléphonie mobile. Mais les 1.100 brevets estimés à plus de 2 milliards de dollars ont été finalement vendus à 525 millions de dollars. Avant son placement sous le « chapitre 11 », Kodak ne comptait plus de 8.500 salariés.
Comme Kodak, Blackberry appartenant à l’entreprise canadienne Research In Motion (RIM) a été bousculé par la technologie. En quelques années, Blackberry est passé du statut de must au has-been. Marque star des années 2000, Blackberry était même utilisé par le président Barack Obama, mais elle était finalement dans l’incapacité de concurrencer Samsung et Apple. L’habituel clavier physique, indissociable à l’image d’un homme d’affaire, n’intéressait plus les consommateurs dans une ère du tout tactile. Blackberry avait révolutionné la messagerie sur mobiles mais les consommateurs devenaient de plus en plus accros des smartphones dont la fonctionnalité se rapproche de celle d’un ordinateur avec la facilité de la touche tactile en prime. La sortie du Blackberry Storm qui devait jouer le rôle de “iPhone Killer” n’a pas enthousiasmé le monde, de même que celle du Z10 qui a été lancé début 2013 pour remettre la société sur le marché du tactile. Le Z10 ne se déméritait pas face au Samsung Galaxy S4 ou encore à l’iPhone 5 avec usage totalement tactile. Mais les quelques années de retard de Blackberry sur le marché l’avait déjà bousculé depuis 2007. Les résultats étaient désastreux au point que la société a été contrainte de se séparer de 40% de ses employés pour pallier les pertes, 965 millions de dollars au deuxième trimestre 2013. La marque canadienne RIM avait compté sur le lancement du système d’exploitation maison « Blackberry 10 » pour rattraper son retard ; mais iOS, Android et Windows Phone ont déjà accaparé la part belle, d’autant plus que le nouvel OS de Blackberry était totalement différent du « Blackberry 7 » et nécessitait plus de temps dans l’apprentissage de ses principales fonctionnalités. Asphyxiée par Apple et Samsung, la capitalisation boursière de la société canadienne est passée de 84 milliards de dollars en 2008 à 4,8 milliards en 2013. Pour le second trimestre fiscal 2014, Blackberry anticipait une perte de 950 à 995 millions de dollars. En septembre 2013, la société prévoyait la suppression de plus de 4.500 postes pour n’en conserver que 7.000. Cette coupe drastique a été prise pour réduire les dépenses d’exploitation de 50% pour les neuf prochains mois.
Alors que Kodak fait son retour en force en bourse, Blackberry compte sur son partenariat avec Foxconn pour reconquérir le marché du mobile haut de gamme dont il était le leader dans les années 2000. Tout comme General Motors en 2010, Kodak était de retour sur le marché boursier depuis le 1er novembre dernier. La société est cotée au New York Stock Exchange (NYSE) sous le symbole KODK car le symbole EK, Eastman Kodak, a été rayé depuis janvier 2012. La société a externalisé la fabrication de la plupart de ses innovations dans le but de réduire les investissements et pour se concentrer sur sa principale activité. Kodak ne compte plus que 8.500 salariés, des fonds propres de 500 millions de dollars et encore une lourde dette à 695 millions de dollars. De son côté, BlackBerry est entré en partenariat avec Foxconn pour la fabrication de certains de leurs téléphones. Le premier fruit de ce partenariat pourrait être présenté au MWC 2014 avec un nouveau système d’exploitation. Des rumeurs circulaient sur le nouveau Blackberry avec le Firefox OS mais ce qui est sûr, le BlackBerry 10.2.1 fera son entrée à la fin du mois de janvier.
28 janvier 2014 La Rédaction