Ces trois derniers jours, le yuan chinois a subit une triple dévaluation (2% mardi, 1,6% mercredi, 1,1% jeudi) et qui s’est fait ressentir fortement sur les économies européennes, asiatiques et américaines ; et qui, de ce fait, fait les gros titres de la plupart des médias internationaux. Les places boursières mondiales ainsi que les marchés des matières premières ont reçu de plein fouet l’onde du choc de cette série de dévaluations enclenchée depuis mardi par la Banque Centrale de Chine.
Quand on sait que depuis 2005, avec la mise en place du système de change actuel, la Chine n’a plus enregistré une telle dépréciation de sa monnaie, il y a bien lieu de s’inquiéter. La seconde puissance économique mondiale serait-elle au bord d’une crise financière ? Aurait-on raison de craindre une crise économique comme celle de 2008 ? Quelles sont les raisons profonde de cette triple dévaluation ?
Certains analystes lient cette série de dévaluation à la baisse du niveau des exportations que Pékin espère relancer grâce à cette dépréciation du yuan par rapport au dollar. Depuis le début 2015, la baisse est relativement conséquente. En juillet, la chute à atteint un point critique, franchissant la barre des 8,3%. En direction de l’Union Européenne, premier partenaire commerciale de la Chine, les exportations ont connu un recul de 12% depuis le début de l’année notamment en raison «du renchérissement du dollar face à l’euro alors que le yuan est justement indexé à la devise américain », explique Jean-François Di Meglio de l’institut de recherche Asia Centre. La dépréciation du yuan pourrait donc induire une reprise des exportations pour l’Empire du Milieu, mais présente en même temps quelques risques. En effet, la Chine est, elle-même, un gros importateur de matières premières. Or dès mardi, la dépréciation du yuan s’est fait ressentir sur le cours de ces matières premières (pétrole, aluminium, cuivre), devenues soudain beaucoup plus coûteuses pour l’industrie chinoise. Daniel Sugarman, analyste chez ETX Capital résume la question ainsi : « une monnaie chinoise plus faible peut soutenir les exportations du pays, mais cela affaiblit également sa capacité à importer les matières premières comme le pétrole ».
D’autres facteurs tels le recul de la production industrielle ou encore l’essoufflement du marché de l’automobile pourraient aussi expliquer la dévaluation du yuan. En effet, la production industrielle n’a progressé que de 6% sur un an en juillet selon le Bureau National des Statistiques (BNS) contre 6,8% en juin, très loin des plus de 6,6% prévues par les analystes interrogés par Bloomberg. L’industrie de l’automobile, quant à elle, est sujette à une perte de vitesse sans précédent. Si en 2013 les ventes de voitures avaient connu une progression de 14%, elle est passée à 6,9% en 2014 puis à 3% en 2015. Ce ralentissement semble être révélateur du malaise global dont souffre ce secteur qui constitue pourtant un des piliers de l’économie de l’Empire du Milieu. Mais y a-t-il lieu de craindre une crise économique à l’instar de celle de 2008 ? La Banque Centrale de Chine se fait rassurante affirmant que la dépréciation du yuan ne se prolongerait pas et surtout qu’elle pourrait toujours intervenir en cas de fluctuation extrême. Mais seuls les jours à venir nous fixeront véritablement.
14 août 2015 La Rédaction