Selon les propos d’Hiroto Saikawa, le Directeur général de Nissan, la grande majorité des membres composant le Conseil d’administration du géant japonais rejette comme lui la demande de Renault de convoquer une Assemblée générale extraordinaire des actionnaires pour discuter de l’affaire Carlos Ghosn.
Le 17 décembre 2018, le Directeur général du groupe automobile Nissan a affirmé, dans une lettre adressée à son homologue chez Renault, que la plupart des administrateurs du constructeur japonais soutenaient eux aussi son refus quant à la convocation d’une Assemblée générale extraordinaire, suite à la mise en examen de Carlos Ghosn soupçonné d’avoir dissimulé une partie de ses bénéfices chez Nissan. Cette lettre est une réponse au courrier qui lui a été envoyé, le 14 décembre 2018, par Thierry Bolloré qui demandait qu’une Assemblée générale de tous les actionnaires de Nissan se tienne le plus vite possible. Saikawa explique dans cette note que plusieurs membres du Conseil d’administration de Nissan souhaitent prendre quelques mois pour évaluer au mieux les différents moyens d’apporter des améliorations à la gouvernance du groupe avant de se réunir en Assemblée générale ordinaire qui se tient habituellement au mois de juin. Il explique également qu’un comité composé de sept membres (trois administrateurs indépendants du Conseil d’administration de Nissan et quatre personnes ne faisant pas partie de l’entreprise) devrait, à cet effet, faire quelques recommandations avant la réunion des actionnaires.
Convoquer une Assemblée générale des actionnaires du constructeur automobile japonais de façon anticipée aurait été avantageux pour Renault qui aurait ainsi pu influencer le choix du successeur de Ghosn au poste de Président, ainsi qu’un certain nombre de nominations futures au sein de Nissan.
Le 10 décembre dernier, Carlos Ghosn, PDG de l’alliance Renault-Nissan, a été inculpé pour avoir manqué de déclarer la totalité de sa rémunération chez Nissan sur la période 2010-2015. Le jour même, les investigations ont été étendues aux trois années qui ont suivies, ce qui a immédiatement conduit à un nouveau placement en détention pour une durée de 10 jours qui devait s’achever jeudi dernier. Mais, contre toute attente, Ghosn a, une fois encore, été mis sous les verrous le vendredi 21 décembre 2018 en raison de nouvelles accusations pour « abus de confiance aggravé ». Il aurait, en octobre 2008, enregistré dans les comptes de Nissan des pertes estimées à 1,85 milliard de yens, soit 14,5 millions d’euros, sur des investissements qu’il aurait fait à titre personnel. Le dimanche 23 décembre, le parquet de Tokyo a pris la décision de prolonger de dix jours supplémentaires la détention de Ghosn qui, arrêté le 19 novembre 2018 pour des raisons de malversations financières, a déjà passé plus d’un mois en prison.
L’enquête pourrait toucher les finances des hauts responsables de l’alliance Nissan-Renault qui ont travaillé en 2010 sur un plan qui a été abandonné et qui visait à verser à Carlos Ghosn une partie de ses revenus pour ses fonctions chez Nissan, par l’intermédiaire de la holding néerlandaise de l’alliance.
25 décembre 2018 La Rédaction