Ce 24 février, le président des États-Unis a entamé une visite officielle dans le sous-continent. Prévue pour durer 2 jours, cette visite le mènera dans l’État du Gujerat, celui du premier ministre Narendra Modi. Des millions de personnes étaient présents pour accueillir Donald Trump à Agra pour la visite du Taj Mahal, puis à New Delhi, où des discussions s’ouvriront à propos des désaccords commerciaux.
Le conflit entre les États-Unis et l’Inde n’a pas connu la même médiatisation que celui avec la Chine. Pour le compte de 2018, le déficit commercial américain est estimé à 25 milliards de dollars sur un total de 148 milliards d’échanges de biens.
Surnommée la reine des taxes, l’Inde n’a pas manqué d’accuser le président américain de provoquer des hostilités depuis le mois de juin dernier. Son statut préférentiel lui a été retiré, mettant un frein aux exportations de marchandises sans droits de douane dont la valeur est estimée à 6 milliards de dollars.
Comme réplique, l’Inde a mis en application ses menaces de taxes sur les importations de produits agricoles, en l’occurrence les amandes de Californie ainsi que l’acier américain. Au total, cela représente 650 millions de dollars de marchandises importées chaque année. À la suite de cette décision, Washington et New Delhi se sont lancés dans d’âpres discussions pour un accord commercial, qui n’a pas connu d’avancée concrète. Le président américain, reconnaissant la stagnation des discussions, a prévu d’y revenir après la présidentielle.
À la veille de son voyage officielle pour l’Inde, Donald Trump s’était plaint, affirmant « l’Inde nous maltraite depuis des années ». Il est difficile de le contester au regard du protectionnisme accru dont fait preuve New Delhi vis-à-vis de son économie. Il a été mis en place par le premier ministre Jawaharlal Nehru (1889-1964), alors que l’Inde n’était qu’une toute jeune démocratie.
Il a fallu la crise des changes au début des années 1990 et l’implication du FMI pour que l’Inde se montre plus ouverte aux importations. Si un demi-siècle de protectionnisme est très difficile à éradiquer, l’actuel premier ministre, Narendra Modi, tente malgré tout d’ouvrir l’économie indienne aux investisseurs étrangers. Malgré tout, la majeure partie du marché intérieur indien reste réservé aux entreprises nationales, avec pour objectif le renforcement de la capacité manufacturière de l’Inde.
La conclusion d’un accord commercial nécessiterait des mois de négociations. Grâce à sa visite, Donald Trump espère au moins mettre en place une trêve en attendant, avec le premier ministre indien. Une seule certitude subsiste, une entente des deux dirigeants dans le secteur de la défense.
Un contrat d’une valeur de 2 milliards et demi de dollars sera conclu pour l’acquisition d’hélicoptères militaires américains par l’Inde. D’après l’Agence Bloomgerg, l’Inde pourrait céder sur une baisse des droits de douane sur quelques produits agricoles comme les noix de pécan ou le foin de luzerne ainsi que sur les Davidson.
Par contre, en ce qui concerne les produits laitiers, aucune avancée n’est attendue. Représentant la base de l’électorat de Donald Trump, les producteurs américains veulent plus de débouchés sur le marché indien. Un marché dominé par les agriculteurs indiens, considérés par Narendra Modi comme un électorat important.