Mis en cause dans le cadre de l’enquête sur le trucage des moteurs diesel, Rupert Stadler, président de la marque Audi, a été arrêté lundi matin chez lui à Ingolstadt et placé en détention provisoire. Avec cette arrestation, il devient le plus haut responsable de Volkswagen à être épinglé par la justice.
Le parquet de Munich a annoncé hier l’incarcération du professeur Rupert Stadler pour empêcher qu’il fasse obstruction à la justice en dissimulant des preuves. C’est la première fois qu’un magistrat allemand émet un mandat d’arrêt contre un patron automobile en fonction. La semaine dernière, après de nombreuses investigations, le parquet a décidé d’ajouter celui qui dirige la marque depuis 2007 à la liste des personnes suspectées de fraude et d’émission de faux certificats. En mars 2017 et en février 2018, la police a effectué une descente au siège du constructeur en Bavière et fin mai, des perquisitions ont été faites au domicile de Stadler pour chercher d’éventuelles preuves de son implication dans l’affaire Dieselgate. L’enquête du parquet à son encontre vise également à déterminer si, après l’éclatement de l’affaire, il a très tôt agi pour arrêter l’exportation vers l’Europe de véhicules qui ont été équipés de logiciels illégaux.
Le conseil de surveillance du groupe Volkswagen (VW), la maison mère d’Audi, a décidé peu après la mise sous les verrous de Stadler de le suspendre de ses fonctions. Cependant, l’information selon laquelle le Néerlandais Bram Schot, responsable des ventes d’Audi, assurera l’intérim au poste de président du directoire a été démentie par VW.
En septembre 2015, Volkswagen a reconnu avoir falsifié les tests d’émissions de gaz polluants des véhicules diesel du groupe aux États-Unis. Cet aveu a été à la base du plus grand scandale de l’histoire de l’entreprise et a soulevé de nombreuses interrogations quant à la réglementation du secteur automobile. Deux mois plus tard, Audi admettait avoir lui aussi triché sur les tests d’émissions polluantes de ses moteurs diesel aux États-Unis. Rupert Stadler avait alors été critiqué dans sa façon de gérer le scandale, beaucoup lui reprochant son silence ou ses réponses laconiques aux questions sans clairement exposer le rôle qu’Audi a pu jouer.
L’an dernier, le groupe a déboursé plus de 22 milliards de dollars d’amende et de dommages et intérêts pour couvrir les conséquences des moteurs diesels truqués. En mai dernier, une plainte pénale a été déposée par les États-Unis contre Martin Winterkorn, l’ancien président du directoire de Volkswagen. Du côté de l’Allemagne, l’agence fédérale de l’automobile (KBA) a ordonné le 6 juin 2018 le rappel d’environ 60 000 A6 et A7 et un peu plus d’une semaine après, le parquet de Brunswick a enjoint VW de s’acquitter d’une amende d’un milliard d’euros.
En Allemagne, plusieurs enquêtes sont en cours contre de hauts dirigeants du groupe automobile et ses filiales, notamment « pour fraude, manipulation de cours de Bourse ou publicité mensongère ».