Avec les circonstances économiques et géopolitiques en Europe, l’euro avait une tendance baissière ces dernières années. Cette baisse pourrait être bénéfique dans un premier temps pour certains secteurs d’activité des pays membres de la zone euro mais néfaste pour l’économie en général sur le long terme.
La dépréciation de l’euro sur le marché de change est surtout la conséquence des spéculations des investisseurs à l’égard aux situations économiques et géopolitiques dans la zone euro. Mais le taux de change évolue aussi avec la politique monétaire des banques centrales et l’économie mondiale. Depuis 2008, la crise pesait sur la valeur de l’euro et l’inquiétude sur la dette des pays de la région persiste ; notamment celles des pays du sud dont font parties la Grèce et l’Espagne. La reprise économique et la réduction des déficits pourraient être ralenties par les plans d’austérité budgétaire. La crise en Ukraine alimente cette année l’inquiétude des investisseurs. Depuis son lancement en 1999, la monnaie unique européenne n’a cessé de connaître des hauts et des bas. L’euro avait débuté avec 1,17$ et avait atteint son pic en juillet 2008 à 1,60$, après une baisse à 0,82$ en octobre 2000. La baisse de l’euro est inquiétante en soi, mais c’est surtout la vitesse de sa décélération qui pourrait mettre en cause la reprise économique de la zone euro.
La dépréciation de la monnaie unique européenne serait bénéfique pour les exportations mais le commerce extérieur en général en serait pénalisé. En effet, la baisse de l’euro aura pour effet de rendre plus compétitives les exportations européennes en engendrant une baisse des prix des produits sur le marché mondial. L’activité économique de la région ne peut que s’améliorer avec une hausse des ventes et une compétitivité accrue face aux produits américains, mais aussi face à ceux des pays émergents qui dépendent de la valeur de l’US dollar. L’Allemagne, première économie de la zone euro, serait l’un des pays à profiter de la baisse de l’euro avec son économie plus tournée vers l’exportation. C’est aussi le cas pour l’Italie, avec son commerce extérieur à la structure très diversifiée. La France devrait aussi voir ses exportations s’améliorer légèrement. Selon le ministre français de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique, Arnaud Montebourg, la France sera plus compétitive sur le marché international. Une dépréciation de l’euro de l’ordre de 10% relèverait la valeur des exportations de 7% à 8%. Cette situation devrait ainsi engendrer une augmentation de 1,2 point du PIB de la France et la création d’environ 150.000 emplois.
Le principal effet négatif d’une baisse du taux de change serait le surcroît du coût des importations. Alors que les investissements à l’étranger profiteraient de la baisse de l’euro pour spéculer sur le marché, les Européens souffriront au quotidien avec la hausse des produits importés. C’est le cas pour l’importation des produits électroniques, pétrole, matières premières et autres biens de consommation. Le coût des biens importés libellés en dollar se ressentira principalement sur la facture énergétique et les prix à la pompe. Le renchérissement des importations pénaliserait dans un premier temps les entreprises importatrices de produits destinés au marché domestique, mais aussi le pouvoir d’achat des ménages, et à moyen terme la consommation elle-même. Le tourisme en zone dollar sera l’un des plus touchés par cette baisse de consommation au niveau européen.
29 avril 2014 La Rédaction