La société de libre échange et de mondialisation dans laquelle nous sommes a pour but premier de favoriser la concurrence de manière internationale. Si ceci peut freiner les PME ou au contraire accroître la prédominance des grands groupes, le consommateur en tire (généralement) un intérêt pécuniaire.
Depuis 5 ans maintenant, en parallèle des négociations Europe-USA et loin des médias, se négocie entre la Commission Européenne et le Canada un accord de libre échange. Ce n’est qu’en octobre 2013 que ces négociations visant un Accord Economique et Commercial Global (AECG) sont mises en lumière ; lorsque le président de la Commission Européenne José Manuel Barroso et le 1er ministre canadien Stephen Harper signent ensemble les bases de l’accord.
Le Canada est un importateur important, surtout pour l’électronique, le textile, les produits chimiques, les matières plastiques et caoutchouc ; mais aussi énormément pour les produits des industries alimentaires. L’AECG désormais quasiment en place ne va pas ralentir le phénomène. En effet, le Canada est friand des spécialités internationales, des produits Made In Europe, les concessions de constructeurs européens fleurissent, et on peut même trouver dans certains commerces des rayons dédiés à la gastronomie de certains pays ou certaines régions du globe ; alors un libre-échange qui implique une éventuelle baisse des prix pourrait signifier des économies intéressantes pour les canadiens.
L’accord ne vise pas moins qu’une suppression de 99% des droits de douane ! Une part importante du prix des aliments produits hors-canada, comme pour certains produits manufacturés, est la taxe à l’importation. Ainsi, les denrées françaises, par exemple, se retrouvent en rayon à des tarifs devenant vite exorbitants, s’apparentant ainsi à des produits de luxe. Le Canada ayant en place une politique favorisant ses producteurs, pour ne pas dire protectionniste, le marché du fromage se trouve être un exemple parlant et se décompose à 96% de producteurs nationaux contre 4% de l’extérieur du territoire. Ainsi, le prix d’une grande partie des aliments provenant d’Europe va vraisemblablement baisser de 8 à 10%. Comptez une baisse de 18% pour l’habillement, et une facture allégée de 3000-4000$ pour une berline allemande. Concurrence oblige, les producteurs, vendeurs et revendeurs locaux devraient par conséquent, revoir leurs marges à la baisse pour conserver leurs parts de marché sur le territoire national.
Les services financiers, l’énergie, les transports et les télécommunications seront aussi impactés lors de la mise en place du traité. Pour la première fois, les fournisseurs et prestataires européens pourront espérer décrocher des marchés publics au Canada. Mais l’inverse est aussi vrai. Les sociétés canadienne pour répondre aux appels d’offres publiques français. Enfin, l’emploi et l’échange de main d’œuvre viennent en conclusion de l’accord. Depuis plusieurs années déjà, la France et le Canada sont liés par le Programme Vacances Travail (PVT) bien connus des jeunes diplômés désireux d’acquérir une expérience autant humaine que sur le marché du travail à l’étranger. L’accord fournira une reconnaissance mutuelle des diplômes et qualifications. Les estimations parlent d’une création de 80000 emplois côté canadiens.
L’agriculture et le monde paysan européen y voient des risques terribles pour leur pérennité. En effet, leurs différentes productions sont encadrées de manières drastiques par l’Union Européenne, ce qui n’est pas le cas au Canada, qui verrait par ailleurs ses exportations de bovins et de porcs multiplier par 4. Ce que ne voient pas d’un très bon oeil les européens, soumis à la PAC ; d’autant plus si on y ajoute les réglementations OGM qui diffèrent considérablement entre Amérique et Europe. Enfin, d’une manière générale, le taux de change est plus que défavorable à la zone euro. En diminuant les tarifs douaniers, le dollar canadien qui est environ 47% moins cher que l’euro pourrait attaquer l’Europe et son économie de plein fouet.