Pour la troisième fois consécutive, la première institution bancaire en Europe dans le secteur de l’investissement enregistre des pertes. Le britannique John Cryan, qui a pour mission de redorer le blason de la Deutsche Bank, court également le risque d’avoir à redorer le sien dans les mois prochains. Ses résultats commencent à susciter des impatiences et des critiques sévères.
A la tête de la Deutsche Bank depuis 2015 avec comme objectif ferme de redresser la barre financière de la banque allemande, John Cryan semble se rapprocher de son but, mais c’est sa vitesse d’exécution qui ne convainc pas véritablement. On remarque qu’alors que le déficit était de 7 milliards en 2015, il est passé en un an à 1,4 milliard d’euros, pour enfin atteindre 512 millions d’euros en 2017. C’est sur cette dernière tranche que les avis des uns et des autres ne sont pas de nature à encourager les efforts de John Cryan.
En effet, il lui est reproché d’être lent à atteindre le but final. De plus, certaines décisions prises par le britannique ont eu le mérite de susciter le courroux de quelques-uns de ses plus proches défenseurs. « Mais je ne vois pas où va Deutsche Bank actuellement », a commenté Hendrik Leber, gérant des fonds d’Acatis, qui est pourtant un des proches de John Cryan qu’il apprécie d’ailleurs à titre personnel. Parmi les décisions prises par l’actuel président du directoire de la banque allemande, il y a le fait d’avoir voulu octroyer des primes aux employés. Selon les calculs, cette décision à elle seule, aurait pu coûter une enveloppe de 1,29 milliard d’euro à la banque, soit une augmentation de 45 % sur la masse salariale.
« Avec UBS, la direction était claire grâce à une grosse restructuration. Je ne vois pas de stratégie claire chez Deutsche Bank », renchérit Leber au sujet de la gestion de Cryan. En effet, il faut rappeler que l’annonce au début du mois de janvier de la nouvelle perte de la Deutsche Bank a eu comme répercussion de faire dégringoler la valeur de l’action en bourse de 6 %.
« Nous pensons que nous sommes bien engagés dans la production de croissance et de rendements plus élevés avec une gestion rigoureuse constante des coûts et des risques. Nous avons fait des progrès, mais nous ne sommes pas encore satisfaits de nos résultats », avait expliqué Cryan. Dans le même ordre d’idée, il faut souligner que depuis trois ans, c’est la première fois que la banque allemande a réalisé un bénéfice avant impôts. Ce bénéfice est d’environ 1,3 milliard d’euros. C’est aussi ce résultat qui laisse penser que l’année 2018 sera celle d’un bénéfice réel et du redressement définitif tant espéré. La Deutsche Bank a, en outre, fait savoir que la refonte de la Deutsche Postbank avec son enseigne telle qu’annoncée au cours du mois de mars 2017, se fera sous peu.
07 février 2018 La Rédaction