La Chine reçoit l’Union européenne sur deux jours à Pékin pour débattre de sujets relatifs au commerce fortement en péril depuis l’imposition de nouvelles taxes douanières par le président américain. Le premier ministre chinois, Li Keqiang, le président du Conseil européen, Donald Tusk et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker espèrent ainsi former une coalition contre les États-Unis.
Li Keqiang a mis l’accent sur le caractère important du libre-échange ainsi que du multilatéralisme qui sont depuis quelques mois remis en cause par le gouvernement des États-Unis. Désireux de publier une déclaration conjointe contre la politique commerciale établit par Donald Trump, Pékin a proposé, pour prouver sa bonne volonté, d’améliorer l’accès au marché chinois. Souvent la cible de critiques en raison de son protectionnisme, la Chine vient ainsi d’approuver un investissement de 10 milliards de dollars dans le domaine de la pétrochimie par le géant allemand de la chimie BASF.
Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a estimé que la Chine pourrait encore plus ouvrir son économie si elle le désirait. Donald Tusk a, quant à lui, invité Pékin, Washington et toutes les nations du monde à ne pas se laisser embarquer dans un conflit commercial tout en améliorant le fonctionnement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin qu’elle mène un meilleur combat contre les transferts de technologie forcés et les aides publiques.
Le président du Conseil européen, soulignant que le chaos peut encore être évité, a considéré que de nouvelles règles doivent être prises dans un certain nombre de domaines, notamment celui des transferts forcés de technologie, des subventions industrielles, de la propriété intellectuelle, et qu’en termes de développement de même que de résolution des conflits, essentiellement commerciaux, une nouvelle démarche est nécessaire. Un communiqué modeste affirmant la volonté des deux parties de poursuivre, voire de renforcer les échanges commerciaux devrait résulter de ce sommet. Bruxelles a, cependant, manifesté son refus d’engager aux côtés de Pékin une procédure contre l’État américain devant l’OMC.
Zhang Ming, l’ambassadeur de la République populaire de Chine auprès de l’UE, a annoncé que les échanges entre l’Union européenne et le gouvernement chinois porteront sur les moyens de transformer les relations entre les deux protagonistes en un « standard de stabilité » face aux « fracas » occasionnés par le protectionnisme. Les discussions permettraient également d’aboutir à la mise en place d’un groupe qui travaillera sur la modernisation de l’Organisation mondiale du commerce. Le porte-parole de la Commission européenne a aussi fait savoir que les deux acteurs parleront de leur désir commun de maintenir l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, également connu comme le JCPOA.
Pour rappel, les sommets de 2016 et 2017 ont pris fin sans qu’aucune déclaration ne soit publiée en raison de mésententes sur la mer de Chine du Sud et le commerce. Après Pékin, les deux représentants européens se rendront à Tokyo pour la signature d’un accord de libre-échange avec le Japon, censé couvrir un tiers environ du PIB mondial.