Le PDG de Renault, en détention depuis le 19 novembre 2018 en raison de plusieurs chefs d’accusation, pourrait être au cœur d’un nouveau scandale financier.
Carlos Ghosn n’en finit plus d’être la cible de plusieurs scandales financiers. Cette fois-ci, c’est le journal Les Echos qui révèle que le libano-brésilo-français aurait perçu entre juin 2017 et novembre 2018 plus de 7 millions d’euros en tant que salarié secret de Nissan Mitsubishi BV (NMBV), une coentreprise de Nissan-Mitsubishi basée aux Pays-Bas. Cette révélation est renforcée par le tribunal de Tokyo qui prévient à propos de nouvelles charges contre celui qui est également le PDG de l’alliance Renault-Nissan, concernant notamment cette coentreprise.
NMBV a vu le jour en Hollande en juin de l’an 2017 grâce aux géants automobiles Nissan et Mitsubishi. Cette société a été créée en vue d’octroyer des primes diverses aux travailleurs et cadres des deux groupes automobiles sur fond de rapprochement et de synchronisation professionnelle. Le cadre normatif de cet accord stipule qu’aucun des trois directeurs de l’entreprise, à savoir Carlos Ghosn, Osamu Masuko et Hiroto Saikawa, ne devrait avoir droit à ces primes. Mais, huit mois plus tard, en février 2018, celui que l’on surnomme le « Cost Killer » réussit à signer un accord de travail avec NMBV par le biais d’un des lieutenants de cette société, afin d’être éligible à ce système de perception de prime salariale. Cet accord, pendant longtemps resté secret, fut ainsi dissimulé aux deux autres directeurs.
Après la signature de ce contrat de travail, le PDG de Renault a d’abord touché une prime d’embauche de plus de 1,46 million d’euros, puis perçu par la suite 5,82 millions d’euros comme salaire annuel. Enfin, il aurait encaissé près d’un demi-million d’euros sans motifs. En somme, entre juin 2017 et novembre 2018, Carlos Ghosn aurait perçu illégalement un montant équivalent à 7 millions d’euros.
L’étau se resserre non seulement autour de Carlos Ghosn, mais également de son entourage. Outre Greg Kelly, l’ancien administrateur de Nissan, d’autres cadres et anciens proches du dirigeant pourraient être interpellés par la justice nippone. C’est le cas de l’ex-patron du département de la performance du constructeur Nissan Motors, José Munoz, qui a d’ailleurs déposé sa démission vendredi dernier. Selon plusieurs sources, ce dernier pourrait détenir des informations-clés en lien avec l’enquête sur Ghosn. Vendredi 11 janvier 2019, le PDG de Renault a été inculpé de deux nouveaux chefs d’accusation. Le parquet de Tokyo l’accuse d’abus de confiance aggravé et de minoration de revenus.
Les avocats de l’ancien magnat de l’automobile ont déposé auprès du juge en charge de l’enquête une demande de libération sous caution. Ce dernier se prononcera sur cette demande entre mardi et mercredi prochains après consultation du procureur. Il faut noter qu’au Japon, il est rare qu’avant son procès un accusé puisse bénéficier d’une libération sous caution, surtout lorsque ce dernier rejette toutes les accusations dont il est l’objet.