La Grèce peut se réjouir d’entrevoir le bout du tunnel de cette crise de la dette publique qui l’a longtemps secouée. Elle émerge officiellement ce lundi du troisième et dernier des plans d’aide qui lui ont été imposés depuis 2010 et qui s’élève à un montant global de 86 milliards d’euros. Elle espère à la longue recommencer à s’autofinancer sur les marchés.
Ce sont en tout 260 milliards d’euros d’aide financière qui auront été versés à la Grèce depuis le mois d’avril 2010, en échange d’une politique d’austérité stricte. La Grèce est donc le dernier pays de l’Union européenne à se libérer des mémorandums d’ajustement. Dimanche, dans un entretien accordé au quotidien Kathimerin, le gouverneur de la banque centrale, Yannis Stournaras, a mis en garde contre un rétropédalage sur les engagements pris auprès des créanciers, qui pourraient conduire à un « abandon de la Grèce par les marchés ». Le gouvernement d’Athènes a pris l’engagement de dégager un premier excédent budgétaire de 3,5 % du PIB jusqu’à l’horizon 2022, qui passera ensuite à 2,2 % jusqu’en 2060.
Afin d’aider le pays à retrouver rapidement son autonomie, un aménagement de la dette a été convenu en juin dernier par ses pairs de la zone euro, allongeant ainsi les échéances de remboursement et accordant des délais supplémentaires sur un montant total de plus de 100 milliards de dollars (environ 87 milliards d’euros) de dettes. Néanmoins, la dette grecque tourne toujours autour de 180 % de son PIB, ce qui a conduit le FMI a la juger insoutenable à la fin, même si le gouvernement soutient que ses besoins de financement ne dépasseront pas la barre des 20 % du PIB exigés par l’UE.
Le plan d’allègement de la dette grecque inclut une grande injection de liquidités d’une valeur de 15 milliards d’euros, qui permettent ainsi au Trésor grec de disposer d’une réserve de précaution s’élevant à 24 milliards d’euros. Athènes a ainsi la latitude de se remettre sur les marchés ou de faire des prélèvements sur ce fonds pour respecter ses échéances. Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a félicité l’accord de juin dernier, mais a souligné qu’il fallait demeurer sur la voie de l’équilibre budgétaire et des réformes des structures. Cet accord historique a, entre autres, pour but de rassurer les différents investisseurs sur la capacité de la Grèce à débourser année après année les sommes dues pour honorer sa dette.
Klaus Regling, directeur général du mécanisme européen de stabilité (MES), a fait savoir au cours d’un entretien accordé au quotidien Ethnos, que la Grèce serait mise sous « surveillance renforcée » telle que prévue par une décision de la Commission européenne datant du 11 juillet passé et visant à s’assurer que le gouvernement d’Athènes ne reviendra pas sur les réformes ainsi que sur sa ligne budgétaire. Des missions d’évaluation se rendront à Athènes tous les trois mois, afin de très tôt identifier les éventuels risques.