Après 15 mois d’une guerre commerciale à répliques graduées, la Chine et les États-Unis se retrouvent autour de la table de négociations. À l’issue des discussions, un accord commercial semble avoir été conclu, un accord que le président américain Donald Trump a qualifié de « phase 1 ». Selon Trump, il s’agirait du plus grand accord jamais conclu entre la Chine et les États-Unis, même si jusque-là, rien n’a été officiellement consigné sur papier.
Depuis le début de la guerre commerciale entre la Chine et les USA, les deux superpuissances mondiales n’ont cessé de monter d’un cran dans l’escalade des sanctions économiques et commerciales en représailles l’une à l’autre. Vers la fin du premier semestre 2019, le président Donald Trump avait laissé entendre qu’il serait ouvert à l’éventualité d’un retour à la table de négociations.
Les pourparlers, qui étaient prévus pour le début du mois de septembre, se sont finalement tenus cette mi-octobre. Trump, dans une allocution, a baptisé l’accord conclu entre les deux nations, après une guerre commerciale de 15 mois de « phase 1 ». Il parle même de « plus grand accord jamais conclu ».
À la sortie des négociations, le président américain a tenu à louer les efforts de Pékin pour l’achat de près de 50 milliards de dollars de produits agricoles. Après la disparition des acheteurs chinois, les agriculteurs américains ont été contraints de laisser pourrir leurs récoltes.
En attendant, aucun accord écrit n’a encore été signé. Mieux, l’accord n’affecte en rien la plupart des droits de douane sur les produits chinois mis en place à l’occasion de l’escalade dans le conflit commercial. Pour l’heure, la conférence de presse donnée par la Maison Blanche n’a laissé fuiter aucune information concrète sur l’accord ni les déclarations officielles de la Chine qui reste jusque-là encore obscure. Ce silence laisse suggérer que les officiels Chinois n’avaient en réalité rien consenti aux sorties des négociations.
La plupart des plaintes des États-Unis contre le modèle économique chinois, à la base de déclenchement de la guerre commerciale entre le plus grand exportateur mondial et le plus grand importateur mondial, n’ont pas été vraiment prises en compte, selon les déclarations des personnes ayant pris part aux pourparlers.
Les plaintes américaines pointent du doigt le fait que la partie adverse impose le transfert de technologie étrangère en Chine et débloque de nombreuses subventions au profit des entreprises publiques au point de submerger les marchés mondiaux de capacités excédentaires.
Selon l’ancien sous-secrétaire aux affaires internationales du Trésor américain, Nathan Sheets, les États-Unis ne peuvent faire preuve de générosité ou de flexibilité sur ces différentes questions. L’économiste en chef du gestionnaire d’actifs, PGIM Fixed Income, se questionne sur le maintien des tarifs actuels des droits de douane contre les produits chinois dans l’hypothèse où Pékin ne transige pas non plus sur ces questions.
Selon plusieurs experts américains et chinois, il y a très peu de chance que la Chine et les États-Unis parviennent à un accord avant la rencontre prévue pour la mi-novembre entre Xi Jinping et Trump, laquelle rencontre signera la « phase 2 » de l’accord.