Jusqu’ici, l’Afrique a été le continent le moins touché par l’épidémie du Coronavirus. Malheureusement, le continent ne sera pas épargné des répercussions du virus sur l’économie. D’après le rapport de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, les prévisions de croissance économique africaine précédemment annoncées risquent de chuter de presque 50 %.
Les répercussions que l’Afrique subira à cause de l’épidémie du Coronavirus seront terribles pour son économie. C’est ce que rapporte Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission des Nations unies pour l’Afrique. Elle fait part d’un recul de la croissance économique du continent qui se situerait désormais à 1,8 % au lieu des 3,2 % initialement prévus. Cette baisse est la conséquence des interruptions commerciales entre l’Afrique et ses grands partenaires commerciaux, la Chine et l’Union européenne.
Face à la situation du continent dans un contexte d’épidémie du Coronavirus, les pays les plus pauvres risquent d’être les plus touchés, notamment les États très endettés. La raison en est que tous n’ont pas les moyens de déployer des mesures de soutien à leur économie comme certains États africains ont commencé à faire.
De plus en plus de pays africains touchés par le Covid-19 multiplient les mesures de soutien budgétaire. Après le premier cas détecté sur son territoire, l’Éthiopie a décidé d’injecter 300 millions de birrs, soit 8 millions d’euros environ dans son économie. Cette mesure a été répliquée par le Sénégal et le Ghana, réorientant leurs dépenses budgétaires dans les secteurs de la santé et du social.
Les pays exportateurs de pétrole subiront aussi de plein fouet la chute des prix du pétrole, à savoir le Nigéria, l’Angola et l’Algérie. La CEA estime à 65 milliards de dollars les pertes des producteurs du pétrole sur le continent en entier, dont 19 milliards pour le Nigéria.
Le pays gère, à lui seul, 91 % de la production africaine de pétrole. Or, son économie dépend principalement du secteur. Des pays comme la Guinée se retrouvent dans la même situation. Bien que le pays soit un petit exportateur, le pétrole compte pour 96 % de ses exportations et représente 38 % du PIB national. Comme le Gabon ou la Lybie, les répercussions seront foudroyantes, révélant ainsi les limites de la non-diversification de leur économie.
Initialement, les budgets de ces États avaient effectué leurs prévisions en se basant sur 57 dollars comme prix du baril. La crise actuelle de l’or noir est telle que le prix du baril a déjà chuté jusqu’à 30 dollars. Avec le problème actuel de la demande et la difficulté d’écoulement des stocks qui en découle, les pertes iront en grandissant.
Pour Vera Songwe, la solution serait de couper dans un premier temps certaines dépenses. Ensuite, comme deuxième porte de sorte, elle préconise une stimulation de l’économie, même si cela risque de créer un très grand déficit. Malgré tout, les relations sino-africaines ne devraient pas être durement affectées.
La Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique alerte sur les risques encourus par les États africains sur le plan sanitaire et alimentaire. Les États devraient penser à faire des stocks de médicaments et de nourriture, d’autant que 94 % de la consommation de médicaments en Afrique est importée. Selon Vera Songwe, les gouvernements africains pourraient se voir obliger d’investir dans le « made in Africa à cause de cette crise ».