La semaine écoulée, le gouvernement italien a prévu un déficit public de l’ordre de 2,4 % pour 2019, faisant ainsi grimper les taux d’emprunt alors que la dette du pays s’élève à plus de 130 % du PIB. Cette situation représente un obstacle de taille pour la Banque centrale européenne (BCE) qui a réaffirmé sa volonté de normalisation de sa politique monétaire.
Depuis l’avènement de la crise financière, les principales banques centrales ont fait preuve de beaucoup de largesse sur les marchés. Elles doivent à présent changer la direction de leur politique si elles veulent se constituer de considérables marges de manœuvre. La Banque centrale européenne entend donc procéder de la même manière que la Réserve fédérale américaine (Fed) qui, après avoir pour la troisième fois cette année relevé ses taux, est en train de se créer une marge de manœuvre. Cependant, les nombreux doutes qui animent les marchés seraient susceptibles de corser les choses. C’est le cas de mentionner la situation de l’Italie qui a effrayé les Bourses avec les prévisions de déficit budgétaire que la BCE a communiqué jeudi. La rentabilité des emprunts d’État de l’Italie a connu une remarquable progression, pendant que les Bourses européennes, celle de Milan en tête de file, ont dégringolé vendredi après l’annonce de l’objectif de déficit pour les trois années à venir, nourrissant ainsi les craintes d’autres tensions concernant la dette publique.
Mario Draghi, le président de la BCE, avait évoqué devant le Parlement européen, trois jours seulement avant les déclarations faites par Rome, « un redressement relativement vigoureux de l’inflation sous-jacente » dans la zone euro. Ce dernier a quelque peu étonné les marchés en employant un ton qui a pu être traduit comme le désir de préparer les différents investisseurs à une accélération inattendue de la normalisation de la politique monétaire.
Peter Praet, chef économiste de la Banque centrale européenne, s’est fait entendre dès le lendemain de la communication du président de l’institut d’émission pour essayer de rattraper ses propos, en affirmant qu’il est nécessaire de procéder à une normalisation, mais que celle-ci se fera progressivement et qu’elle sera longue. Cela n’a pas pour autant effacé des mémoires les sensations provoquées par le discours de Draghi. Ce sont plutôt tous les remous que l’Italie et les dernières indications sur l’accroissement des prix dans l’espace européen ont engendrés qui ont pu réduire l’impact des paroles de Draghi sur les Bourses.
La Réserve fédérale américaine prévoit de procéder à une nouvelle hausse de taux avant la fin de l’année, d’en faire trois autres en 2019 et une de plus en 2020. La réalisation de ce scénario élèverait à 3,375 % d’ici fin 2020 le principal taux d’intérêt américain, pratiquement un demi-point de plus que le niveau estimé comme étant neutre, qui ne favorise donc ni ne ralenti la croissance de l’économie.
02 octobre 2018 La Rédaction