Les véhicules d’occasion sont le plus souvent importés du Moyen-Orient ou du Japon. Proposés à des prix abordables, ceux-ci surplombent depuis une dizaine d’années le marché de l’automobile et représentent de véritables obstacles pour les constructeurs à la recherche de relais de croissance sur le continent africain.
Plusieurs géants automobiles, dont Toyota, Volkswagen (VW), Nissan et BMW se sont associés dans le but d’exercer une pression sur les États africains pour réduire la quantité d’importations de voitures, particulièrement en Afrique subsaharienne et pour favoriser la production au niveau local. Les efforts déployés par l’Association africaine des constructeurs automobiles (AAAM), depuis sa création il y a quatre ans, commencent enfin à porter des fruits. En effet, les constructeurs qui possèdent des usines d’assemblage sur le continent pourraient bientôt être exonérés sur une période de 10 ans maximum et exemptés de tarifs douaniers au Ghana, au Nigeria ainsi qu’au Kenya. Le chargé des activités en Afrique du groupe Volkswagen évalue à au moins trois millions et quatre millions d’unités maximum le secteur des voitures neuves au niveau de l’Afrique subsaharienne ; en 2017, celui-ci était de 420.000. Cependant, pour pouvoir atteindre cet objectif, une réduction du taux des voitures d’occasion, des prix des véhicules neufs et une diminution de la contrebande s’imposent.
Le milliard d’habitants d’Afrique ne représente pas plus de 1 % du total des ventes mondiales de véhicules neufs de tourisme malgré l’augmentation rapide de la population, ainsi que des revenus des ménages. L’AAAM considère le Kenya, le Ghana et le Nigeria comme de potentiels axes de production, surtout que les deux pays dernièrement cités sont disposés à offrir des exonérations aux concessionnaires automobiles sur une période de 10 ans et à n’appliquer aucune taxe douanière sur les composantes et les pièces importées en contrepartie d’un montage local d’automobiles.
Le Nigeria étudie par ailleurs un projet de loi visant à taxer les voitures neuves produites entièrement ailleurs à 70 % pour dynamiser la production locale. De son côté, le Kenya exonérera de droit d’accise et d’importation les constructeurs qui bénéficieront également d’une réduction fiscale de l’ordre de 50 %. De puissants groupes automobiles comme Nissan et VW ont des usines ou prévoient d’en avoir dans les trois pays précités. Il faut dire que l’Afrique représente un atout majeur pour les constructeurs qui peuvent continuer à vendre leurs véhicules à moteurs thermiques à cause du coût élevé des voitures électriques et du fait qu’il n’existe pas en Afrique d’infrastructures pour ce genre d’automobiles.
Pour certains, ce qui freine le développement en Afrique des véhicules neufs est le fait qu’au Japon, les voitures sont mises à la casse juste après quelques années de mise en circulation à cause des contrôles rigoureux. Ils considèrent qu’une telle politique conduit à un déséquilibre du marché en laissant la possibilité aux concessionnaires de se procurer des véhicules en payant uniquement le coût de la ferraille et d’exporter ces véhicules vers l’Afrique.
Lundi 15 Avril 2019 La Rédaction