Depuis plusieurs mois, Alibaba est dans le viseur des autorités chinoises pour des soupçons de pratiques anticoncurrentielles. Si ceux-ci sont confirmés, le géant chinois du e-commerce pourrait être condamné à payer une amende record dont le montant dépasserait les 975 millions de dollars payés par Qualcomm en 2015. A ce jour, c’est la plus grosse amende anti-monopole exigée par Pékin.
Depuis fin décembre, les autorités chinoises ont ouvert une enquête contre Alibaba pour « suspicions de pratiques monopolistiques ». D’après les informations diffusées par le Wall Street Journal, il est reproché à la plateforme de contrainte les commerçants de ses sites à lui donner l’exclusivité.
Cette nouvelle épine vient s’ajouter aux difficultés rencontrées par le groupe chinois depuis le mois de novembre 2019. Le régulateur boursier chinois avait alors annulé à la dernière minute l’entrée en bourse d’Ant Group, l’une des filiales du groupe Alibaba spécialisée dans les paiements en ligne.
L’échec de cette entrée en bourse a fait dégringoler Jack Ma du podium des milliardaires chinois. Longtemps numéro 1, il n’occupe désormais que la 4e place derrière les fondateurs de la société d’eau Nongfu Spring, des plateformes Tencent et ByteDance, respectivement 1er, 2e et 3e au classement des plus riches de Chine.
Selon certains analystes, les mesures successives des autorités chinoises contre le géant chinois du e-commerce sont une réponse au discours de Jack Ma fin octobre dernier. Après l’épisode de l’échec de l’entrée en bourse d’Ant Group, le fondateur du groupe Alibaba avait donné un discours très critique à l’égard des régulateurs financiers qui, selon lui, sont inquiets de l’influence des groupes technologiques. Le milliardaire avait été convoqué à la suite de cette critique par les autorités chinoises.
La pression des autorités ne semble pas affecter Alibaba qui est en très grande forme. Le 2 février dernier, le groupe chinois du e-commerce a rendu publics ses résultats du dernier trimestre 2020. Au titre de ceux-ci, le chiffre d’affaires avait évolué de 37 % à 34 milliards de dollars environ. Quant au bénéfice, il s’est accru de 50 % à 12,2 milliards de dollars. Ces résultats confirment le fait que la Chine soit actuellement la seule économie au monde à avoir enregistré de la croissance en 2020, une reprise économique dans un contexte de pandémie, qui a profité à Alibaba.
Dans son communiqué du 2 février, Alibaba a prévenu qu’en dépit de ces très bons résultats, plusieurs incertitudes subsistaient autour de ses plans d’introduction en bourse et à ses perspectives commerciales. Le groupe a tout de même promis de se mettre en règle vis-à-vis des régulateurs financiers.
The Wall Street Journal a précisé que Pékin n’aurait pas l’intention d’« écraser une entreprise aussi populaire auprès des Chinois que des investisseurs étrangers tant qu’elle s’aligne davantage sur le Parti communiste ». Des précisions qui sont très bien accueillies sur les marchés boursiers où l’action Alibaba a gagné 2 % à la Bourse de Hong Kong vendredi.