Le lundi 11 mai, le Comité d’éthique de la BAD a rendu les conclusions de son enquête sur les accusations de favoritisme et de prévarication formulées à l’encontre du président de l’institution. Pourtant, le groupe de lanceurs d’alerte exige que soit menée une enquête indépendante, doutant de l’impartialité de l’organe de la Banque africaine de Développement.
Dans les conclusions de l’enquête interne menée par le Comité d’éthique de la Banque africaine de Développement, publiées le 11 mai 2020, le président de l’institution, Akinwumi Adessina, est totalement disculpé. Selon l’instance, il s’agit de griefs « non fondés, non corroborés et non étayés ».
Des conclusions qui n’ont pas convaincu les lanceurs d’alerte anonymes ; ils réclament que soit ouverte une enquête indépendante, estimant que le travail du Comité est « entaché d’irrégularités et truffé de manipulation ». Ils estiment que l’enquête de l’instance de la BAD n’est pas assez approfondie et exigent donc un travail indépendant.
À la suite de ces accusations, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adessina avait dénoncé il y a un mois sur RFI un acharnement à caractère politique. Le Nigérian a aussi publié un communiqué pour réfuter ces accusations. Le candidat à sa propre réélection qualifie ses allégations de « fallacieuses et sans fondement ».
Dans ce même communiqué, il avait annoncé que des enquêtes internes étaient en cours. « Le Comité d’éthique du Conseil d’administration mène actuellement son action dans le cadre de ses systèmes d’enquête interne. Laissons le Comité achever son enquête et ses travaux sans interférence de quiconque ni de quelque média que ce soit », avait-il affirmé.
Akinwumi a également affirmé qu’il est convaincu que « …sur la base de faits et de preuves, les procédures régulières d’examen et la transparence révèleront que tout cela ne constitue que des allégations fallacieuses et sans fondement ».
Les faits remontent au début du mois d’avril. Un document de 15 pages avait alors été envoyé à l’AFP par des lanceurs d’alerte présentés comme employés de la BAD et rendu public par Le Monde.
On pouvait y lire un véritable réquisitoire contre le président de la Banque africaine de développement, le Nigérian Akinwumi Adessina : « Comportement contraire à l’éthique, enrichissement personnel, obstacle à l’efficacité, favoritisme (activités) affectant la confiance dans l’intégrité de la banque et engagement dans des activités politiques ».
Concrètement, il est reproché au président de la BAD des nominations par favoritisme de hauts responsables, spécialement des Nigérians. Le pourcentage de recrutement entre 2016 et 2018 a été de 25 % contre les 9 % réglementaires qui correspondent à la part du Nigéria.
Le numéro 1 de la BAD aurait aussi promu des fonctionnaires reconnus ou soupçonnés de corruption ou de fraude. Des indemnités de départ très confortables leur auraient même été octroyées, et cela sans aucune sanction.
Parmi les personnes ayant été promues aux plus hauts postes, il y a un ami d’enfance et le beau-frère d’Akinwumi Adessina. On compte également plusieurs de ses anciens collaborateurs alors qu’il occupait le poste de ministre au Nigéria.