Plus de 1300 produits ne seront plus importés en Iran en raison des sanctions américaines, et dans un contexte où la dépréciation continue du rial et la hausse des prix ont conduit à un mouvement de grève à Téhéran.
Hier, lundi 26 juin, de nombreux commerces du Grand Bazar sont restés fermés car plusieurs commerçants sont descendus dans les rues pour protester contre la perte de valeur de la monnaie iranienne par rapport au dollar et contre la situation économique de plus en plus désastreuse. Le rial a, en effet, continué sa chute vertigineuse, faisant flamber les prix et fuir les clients. Dans ce climat chargé de ressentiment, des échauffourées ont éclaté en milieu d’après-midi dans la capitale entre manifestants et forces de l’ordre, conduisant à l’arrestation de deux hommes. Isna Abdollah Esfiandari, chef du conseil central d’administration du Bazar de Téhéran, a déclaré que les marchands s’insurgent entre autres contre le fait que le taux de change soit élevé, les marchandises bloquées à la douane, les devises étrangères fluctuantes et le fait qu’ils ne soient pas en mesure de vendre leurs biens dans ces conditions.
Pour les autorités iraniennes, les sanctions américaines sont responsables de la dégradation continue de la monnaie nationale. Cette dernière a, en effet, connu une aggravation depuis le retour des sanctions suite à l’annonce en mai dernier du retrait des États-Unis de l’accord nucléaire iranien de 2015 (JCPOA). Une partie de ces sanctions s’appliqueront à la fin d’un délai de carence de 90 jours s’achevant le 6 août prochain et les autres sanctions, qui concernent essentiellement le secteur pétrolier, prendront effet le 4 novembre 2018 à l’issue d’une période de 180 jours. Depuis le début de l’année, le rial iranien a connu une dépréciation de près de 50 %. Lundi, sur le marché noir, le dollar a atteint 90.000 rials contre 87.000 dimanche et oscillait autour de 75.500 rials jeudi dernier. Fin 2017, celui-ci progressait à 42.890 le dollar.
Pour tenter de lutter contre cette situation, le ministre de l’Industrie et du commerce, Mohammad Shariatmadari, a pris la décision d’interdire l’importation de 1.339 biens que l’Iran pourra produire. Selon le gouvernement, ces interdictions se justifient par des raisons de sécurité économique et sont censées éviter la perte de dizaines de milliards de devises étrangères. Cette décision semble indiquer que les sanctions des États-Unis conduisent Téhéran à mettre en place une « économie de résistance » pour ne pas épuiser ses réserves de change et pour, désormais, se suffire en ce qui concerne certains produits. Les articles frappés d’interdiction sont les chaussures, les produits de maroquinerie, les meubles, les appareils ménagers, les textiles, les produits sanitaires et certaines machines. Le gouvernement a, par ailleurs, déterminé un taux de change fixe pour le dollar qui équivaut à 42.000 rials iraniens et qui devra obligatoirement être utilisé pour les importations.
26 juin 2018 La Rédaction