Le procureur général danois chargé des graves crimes économiques et internationaux a déclaré lundi l’ouverture d’une enquête pénale contre Danske Bank, l’une des principales banques au Danemark, à propos de probables activités de blanchiment d’argent au sein de sa filiale estonienne.
Cela fait plusieurs mois qu’une importante affaire de blanchiment d’argent met en cause la banque danoise Danske Bank. Les accusations concernent principalement sa filiale estonienne qui aurait, jusqu’en 2015, permis à des ressortissants de la Moldavie, de la Russie ou encore de l’Azerbaïdjan, de procéder au blanchiment d’argent sale. Il s’agirait de transactions s’élevant à des milliards de couronnes, plus exactement, à plus de 8 milliards de dollars, soit plus du double de l’estimation initialement faite. En mai dernier, Thomas Borgen, directeur général du groupe, avait publiquement présenté ses excuses pour cette négligence de la banque à agir plus tôt, mais cela n’a visiblement pas suffit. Une enquête identique a été engagée la semaine écoulée par l’Estonie suite aux plaintes de l’homme d’affaires américain William Browder contre la même banque pour des raisons de « négligence grave et de blanchiment de capitaux et délits connexes ». La banque danoise a, par le passé, reconnu l’existence de brèches dans ses mécanismes de contrôle de blanchiment et a d’ailleurs entamé ses propres enquêtes dont elle devrait présenter les résultats en septembre.
En recul de 1 % à la fin de la séance boursière à Copenhague, l’action Danske Bank a perdu 25 % depuis janvier après des accusations impliquant sa branche estonienne qui aurait blanchi entre 2007 et 2015 environ 53 milliards de couronnes, soit 7,1 milliards d’euros.
Les procureurs ont révélé qu’à cause de son caractère extrêmement grave, ils suivaient d’assez près cette affaire depuis fort longtemps et ont fait la promesse de fouiller chaque petit recoin, de retourner chaque pierre et d’explorer la moindre piste. Le parquet, qui a annoncé avoir recueilli un nombre conséquent de plaintes à propos de ce dossier, a souligné qu’à ce stade de l’enquête, il n’était pas possible de dire si celle-ci déboucherait sur des poursuites pénales. Toutefois, la législation danoise prévoit en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux l’application de sanctions financières dont le montant dépend du nombre de transactions suspectes. Les procureurs ont indiqué que les amendes pouvaient dépasser de très loin les bénéfices. Un sondage effectué en juillet 2018 par cinq analystes de Bloomberg estime entre 4,7 milliards et 315 millions de dollars l’amende potentielle de Danske. En décembre, le prêteur avait consenti à s’acquitter d’une amende de 2 millions de dollars après les accusations des procureurs à propos du non-respect des règles qui exigent de suivre les opérations avec les banques correspondantes.
La banque, via son avocat général Flemming Pristed, a fait savoir dans un courriel que Danske restait à la disposition du procureur général dans le cadre de l’enquête. Aucune date n’a jusque-là pas été communiquée pour la conclusion des investigations.
Mercredi 8 Août 2018 La Rédaction