Pour les patrons de l’industrie technologie en Chine, le temps est sale. Il y a quelque temps, Jack Ma, le fondateur d’Ali Baba a été mis au pas. C’est désormais le tour du patron d’un autre géant de la vente en ligne, Meituan, qui est dans le viseur des autorités chinoises. Sous prétexte de lutter contre les monopoles, le titre du groupe s’est littéralement effondré. À l’origine de cette dégringolade, un poème ancien mis en ligne par le patron de Meituan considéré comme une critique du pouvoir dans un contexte où l’économie de la Chine retrouve sa bonne santé.
« La dynastie Qîn est fichue, les bambous et les tissus brûlent », c’est le poème satyre du pouvoir de la dynastie Tang qui a provoqué la chute du patron de Meituan. Depuis qu’il l’a publié sur le réseau social Fanfou, Wang Xing s’est exposé aux critiques.
Au regard des réactions suscitées, le patron de Meituan a tout de suite retiré le poème, pour se fendre d’un rectificatif par la suite. Malheureusement, cela n’a pas suffi à rassurer les investisseurs qui ont procédé à un retrait de leurs billes, pour anticiper les sanctions futures. En seulement 7 jours, le titre du géant de la vente en ligne a dégringolé de 12 %.
Cependant, avant cet épisode malheureux, le contexte économique était déjà très fragile. Depuis plusieurs mois, les autorités chinoises ont corsé leur campagne destinée à mettre les grands groupes du numérique au pas, en mettant en place des organes de régulation. Le but est de les obliger à les conformer aux normes sur le respect de la concurrence.
Au mois d’avril, les grandes entreprises du secteur, dont Tencent, Baidu, Ant Group, la maison mère d’Ali Baba ou encore Meitan ont reçu une convocation qui les invitait à rectifier leur politique monopolistique. Selon les analystes du pouvoir chinois, il s’agit d’un prétexte pour restreindre l’influence de ces entreprises dans la société.
Au mois d’octobre dernier, c’était au tour du fondateur d’Ali Baba, Jack Ma, d’en faire les frais. Sa prise de parole critique lui a valu l’une des amendes les plus importantes infligées par les gendarmes de la concurrence. Le groupe Meituan devrait subir le même sort.
La dégringolade du cours du groupe Meituan intervient dans un contexte de rebond économique de la Chine. En avril, la deuxième puissance mondiale a vu ses exportations bondir de 32,3% sur un an.
Ces chiffres mettent en lumière la hausse de la demande aussi bien à l’import qu’à l’export. Les attentes ont été largement dépassées au mois d’avril en ce qui concerne les exportations. En raison du fait que la production manufacturière connaisse toujours un ralentissement dans les pays touchés par la crise sanitaire de coronavirus, la demande des produits chinois a connu une forte hausse. Avec le développement du télétravail en ces temps de crise, la demande concerne principalement les achats d’appareils électroniques. Les produits contre le coronavirus comme les tenues de protection et les masques sont aussi fortement demandés.
Avec la hausse de 43,1% des importations, la Chine connaît le rythme de progression le plus haut depuis 2011. Le dépistage massif ainsi que l’évolution des conditions sanitaires ont permis aux activités chinoises de retrouver leur niveau avant la crise.