Vendredi dernier, The New Yorker a publié les témoignages de six femmes qui accusent Leslie Moonves, PDG de la chaîne américaine CBS, de harcèlement sexuel. Suite à cette parution, le groupe de télévision et de médias américain a annoncé l’ouverture d’une enquête interne.
Les faits présumés se situeraient autour de la période allant de 1985 (à l’époque Moonves n’avait pas encore intégré CBS) à 2006. Les événements se seraient donc produits en l’espace de deux décennies. Quatre des six victimes présumées ont déclaré avoir fait l’objet d’attouchements forcés de la part de Moonves qui les aurait par ailleurs embrassés sans qu’elles n’aient exprimé leur consentement. Les victimes présumées ont également laissé entendre qu’elles ont reçu des menaces du dirigeant suite à leur refus de céder à ses avances et qu’il serait allé jusqu’à les sanctionner professionnellement. Face à ces allégations, l’homme de 68 ans a reconnu avoir fait des avances à des femmes il y a des dizaines d’années et qu’il éprouvait de profonds regrets pour ces actes. Il a toutefois estimé n’avoir jamais été l’auteur de harcèlement sexuel parce qu’il a « toujours compris et respecté » ce que le « non » voulait dire. Il a, par ailleurs, ajouté n’avoir jamais fait abus de sa position ni fait obstacle à la carrière de qui que ce soit.
Ces accusations surviennent à un moment où Leslie Moonves mène une bataille en justice contre la volonté de son principal actionnaire, National Amusements, d’opérer une fusion entre CBS et Viacom, un conglomérat américain également présent dans le milieu des médias. Les deux groupes sont sous le contrôle de la holding familiale de Sumner Redstone et de Shari Redstone, sa fille.
Selon The New Yorker, il aurait existé au sein de la société une certaine culture du laxisme en matière de harcèlement sexuel. Le magazine mentionne d’autres cas comme celui de Charlie Rose, ancien journaliste et présentateur-phare de CBS, renvoyé fin novembre 2017 à la suite des accusations de harcèlement et d’attouchements qui pesaient sur lui. CBS, la chaîne américaine la plus regardée actuellement, a déclaré prendre au sérieux chaque allégation, mais a jugé que l’image de la société donnée par le New Yorker était biaisée ; l’entreprise aurait plutôt toujours œuvré dans le sens du traitement digne et respectueux de tous ses employés. Aujourd’hui, lundi 30 juillet, le conseil d’administration de la chaîne de télévision étudiera les conclusions de l’enquête interne menée par un comité spécial et qui vise l’actuel DG de CBS, l’une des figures les plus emblématiques de la télévision américaine. Le conseil prendra ensuite les décisions qui s’imposent.
Vendredi, l’action CBS a chuté de 6,12 % à 54,01 dollars à Wall Street alors que celle de Viacom a enregistré une hausse de 4,6 % à 29,35 dollars sur la base de spéculations des investisseurs sur l’augmentation des probabilités d’une fusion.
31 juillet 2018 La Rédaction