Selon les chiffres détaillés publiés par l’office fédéral de la statistique mardi, la contraction de l’économie allemande au 2e trimestre est sans précédent. En cause, l’effondrement de l’investissement des entreprises, des dépenses de consommations et des exportations dues à la crise sanitaire. La première puissance européenne a dû fléchir face au Coronavirus et aller à l’encontre de la règle de la limitation de l’endettement public, et se trouve contrainte de demander un prêt.
Si l’économie européenne reprend peu à peu des couleurs, il n’en demeure pas moins que l’économie allemande a été fortement ébranlée. C’est ce que révèlent les chiffres de la Destatis, l’office fédéral de la statistique.
Sur la période avril-juin, l’économie allemande a connu une forte contraction de 9,7 %. Selon les experts, il s’agit d’un repli bien plus important que ceux qui ont été observés au cours de la crise financière mondiale de 2007 à 2009. Ce chiffre est en deçà de celui publié par une première estimation qui prévoit un recul de 10,1 % du PIB au 2e trimestre. Cela reste tout de même une contraction historique depuis 1970, date de démarrage du suivi de la statistique.
Sur une année, au cours de la période allant d’avril à juin, le produit intérieur brut de l’Allemagne a reculé de 11,3 % contre 11,7 % lors de la première estimation. Plusieurs facteurs sont pointés du doigt, notamment la chute de 10,9 % des dépenses de consommations, de 19,6 % des investissements en capital et de 20,3 % des exportations au 2e trimestre. C’est ce que révèlent les données des variations saisonnières rendues publiques mardi après ajustement.
L’économiste Thomas Gitzel a affirmé que « le deuxième trimestre a été un désastre complet ». Il ajoute « Tout s’est effondré, qu’il s’agisse des investissements, de la consommation privée, des exportations ou même des importations ».
Les chiffres publiés mardi montrent que les dépenses publiques, avec leur augmentation de 1,5 % en marge de la réponse de l’État à la crise sanitaire, représentent le seul rayon de soleil. Ce que montrent également les chiffres, c’est le déficit budgétaire de 51,6 milliards d’euros que l’État allemand, pourtant très rigoureux, s’est autorisé sur les 6 premiers mois de l’année.
Sur la période juillet-septembre, l’économiste Thomas Gitzel prévoit une relance de l’économie allemande avec la levée des mesures de restriction. Il faudra cependant attendre l’automne, même si une série de faillites est à craindre.
« Zéro déficit, zéro emprunt », c’est le mot d’ordre que s’est toujours donné l’Etat allemand et auquel il est contraint de déroger de façon exceptionnelle. Inscrit dans la constitution depuis 2011, la règle sur la limitation de l’endettement, aussi appelé « frein à l’endettement » interdit au gouvernement d’emprunter au-delà des 0,35 % de son PIB. Le gouvernement fédéral est toutefois autorisé à briser cette règle en cas de force majeure et avec l’assentiment du Parlement.
Le pays connaît l’un des déficits budgétaires le plus importants de son histoire, ce qui la contraint le gouvernement à recourir à un emprunt dès l’année prochaine. C’est l’annonce qui a été faite par le ministre des Finances, Olaf Scholz. Au printemps dernier, Berlin s’était exceptionnellement affranchi une première fois de cette règle après avoir obtenu d’urgence l’autorisation du Parlement pour un emprunt de 218 milliards et demi d’euros pour soutenir l’économie nationale.