En réponse aux revendications des « Gilets jaunes », le président français a décidé d’un certain nombre de mesures budgétaires. Mais, cette réponse pourrait mettre à mal le marché obligataire européen si elle laissait place à une phase d’accroissement de la dépense publique ainsi que de recours effréné à la dette, à un moment où la Banque centrale européenne (BCE) a mis un terme à ses acquisitions de titres.
Pour tenter d’apaiser au mieux les tensions sociales, procéder à un assouplissement budgétaire peut se révéler être une bonne alternative pour les gouvernements de la zone euro. C’est également un excellent moyen d’enrayer la montée de quelques mouvements populistes à caractère politique, surtout que les élections européennes auront lieu le 26 mai 2019. Mais, recourir à ce moyen implique une augmentation probable des obligations d’État qui pourrait soulever un nombre conséquent de questionnements sur l’aptitude des États concernés à pouvoir assurer le service de leur dette sur le long terme. C’est en ce sens que la situation de la France est des plus capitales parce que les mesures et les allégements fiscaux annoncés le 10 décembre 2018 par Emmanuel Macron pourraient représenter au moins huit milliards d’euros que Paris devra en grande partie emprunter auprès des marchés. Cette année, la France devrait enregistrer un déficit de plus de 3 %, au-delà de la limite du pourcentage du produit intérieur brut (PIB) que l’Union européenne a fixée.
La zone euro devrait s’attendre à enregistrer en 2019 un déficit budgétaire de l’ordre de 0,8 % du PIB. Telle est la prévision faite par la Commission européenne sur la base du déficit italien qui pourrait, cette fois-ci, s’établir à 2,04 % du PIB. En France, la conséquence des mesures prises ne devrait apparemment pas excéder 0,1 point de pourcentage. Le risque encouru est que l’assouplissement budgétaire, également observé en Italie, entraîne un précédent, surtout pour les pays les plus criblés de dettes et ceux qui manquent de dynamisme. Le gouvernement espagnol a, lui, décidé d’augmenter de 22 % le salaire minimum, ce qui représente une hausse record depuis 1979, tandis qu’en Allemagne le gouvernement ne démord pas de sa politique budgétaire carrée.
Beaucoup voient d’un bon œil l’aide budgétaire à la croissance et à la consommation dans des pays faisant face à une baisse de croissance. Mais d’autres estiment que cela ne doit pas systématiquement être vue comme bénéfique. Des chiffres rendus publics par l’Insee à la fin du mois de décembre font état de ce que le ratio d’endettement de la France n’est pas loin « de son plus haut historique à près de 100 % du PIB ». La dette italienne, quant à elle, est de plus de 133 % du PIB et Rome devrait encore emprunter une somme d’à peu près 247 milliards d’euros. Paris a dû revoir son programme d’émission de cette année à la hausse en le portant à 200 milliards d’euros, un niveau jamais enregistré.
Mardi 15 Janvier 2019 La Rédaction