En Allemagne, l’environnement des affaires se trouve au plus mal. Voilà cinq mois consécutifs que celui-ci se détériore notablement, ce qui laisse pour la toute première fois depuis 7 ans les dirigeants d’entreprises très pessimistes concernant les différentes perspectives d’activité dans l’avenir.
Si le moral des patrons allemands est au plus bas, c’est parce que la demande des produits et des services dans l’espace euro, les pays émergents ainsi qu’en Chine a chuté. Cette baisse du moral s’explique également par les nombreuses incertitudes concernant les conditions de sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. L’Indice Ifo du climat des affaires, au plus bas depuis bientôt 3 ans, s’est à nouveau établit à 99,1 alors qu’il y a encore un mois il était à 101,0. Certains économistes ne prévoyaient pas une baisse aussi prononcée, fixant plutôt cet indice à 100,6.
Durant l’année écoulée, la croissance économique de l’Allemagne a connu un ralentissement et celle de l’année en cours ne donne pas grand espoir, au point où le gouvernement qui prévoyait une croissance de 1,8 %, a fini par l’établir à 1,0 %. L’Ifo de son côté, table sur une croissance d’environ 1,1 %. D’après le premier bilan de l’année 2018 rendue public le 15 janvier 2019, la croissance allemande a peiné à atteindre les 1,5 % réalisant ainsi sa plus faible performance depuis 2014.
Le secteur dont le climat des affaires est le plus affecté est celui manufacturier qui a atteint son plus bas point depuis janvier 2018. C’est à peine si ce secteur, très influencé par les exportations, a fait l’objet d’anticipations, à cause notamment du conflit commercial entre la Chine et les États-Unis. Il en est de même concernant le domaine de la construction dans lequel les anticipations faites par les acteurs économiques se trouvent à nouveau dans le rouge. C’est dire qu’il y a beaucoup plus de personnes qui s’attendent à une détérioration de la situation que de personnes qui envisagent que celle-ci s’améliore. Le domaine de la vente au détail s’en sort mieux parce que les anticipations dans ce secteur se sont légèrement améliorées.
L’économiste Alexander Krüger de Bankhaus Lampe a affirmé que l’économie allemande, en dépit de la mauvaise posture dans laquelle elle se trouve actuellement, n’est pas proche de la récession parce qu’elle est non seulement soutenue par la consommation privée mais aussi par l’accroissement des dépenses publiques. L’issue des pourparlers concernant le Brexit et les négociations commerciales entre Washington et Pékin permettront un hypothétique revirement de tendance, sinon les mois à venir risquent d’être très moroses.
À ces deux facteurs compliquant le secteur des affaires, s’ajoutent plusieurs problématiques d’ordre national dont la conséquence sur le marché de l’automobile des nouvelles normes anti-pollution WLTP et l’absence de précipitations qui a ralenti l’année dernière le transport fluvial. Ces différents éléments ont d’ailleurs fait redouter à quelques observateurs une récession d’ordre technique pour le deuxième semestre de l’an 2018.