Accusés d’avoir enfreint la loi relative au financement des campagnes électorales, qui oblige les annonceurs à révéler les noms des acheteurs des espaces publicitaires, Facebook et Google ont été poursuivis en justice par l’État de Washington.
Depuis les années 1970, l’État de Washington dispose d’une loi qui fait obligation aux annonceurs d’informer le public des personnes qui payent les publicités à des fins politiques, contrairement à la majorité des juridictions américaines où cette obligation incombe aux acheteurs. D’après les juridictions de l’État de Washington, voici déjà plusieurs années que Facebook et Google ne se conforment pas à cette loi. Le Procureur général de cet État, Bob Ferguson, a déclaré dans un communiqué que sur les dix dernières années les deux entreprises ont perçu respectivement environ 3,4 millions de dollars et 1,5 million de dollars en publicité, de candidats aux élections ainsi que de plusieurs groupes politiques.
Il a, par ailleurs, annoncé vouloir que des sanctions leur soient appliquées parce qu’elles n’ont pas rendu public les achats d’espaces publicitaires qui ont été effectués pendant les élections d’États depuis 2013. Il a également ajouté que « la loi s’applique à tout le monde, qu’on soit le journal d’une petite ville ou une grande entreprise » et que le peuple est en droit de disposer de toutes les informations concernant les entités qui payent les publicités politiques.
Aux États-Unis, les publicités politiques sont monnaie courante et constituent un point sensible, plus particulièrement dans le contexte des accusations d’interférences de la Russie au cours des élections de 2016. Des critiques émergent ainsi des parlementaires et de nombreux utilisateurs qui reprochent à Facebook et Google leur laisser-aller en ce qui concerne la lutte engagée contre les fausses nouvelles ainsi que leur probable rôle dans l’ingérence supposée de l’État russe dans la campagne électorale de 2016. Les deux groupes ont fait la promesse de plus de transparence en exposant clairement les financeurs de ces messages et en mettant à la disposition de tous des archives relatives au sujet. L’un des responsables de l’affaire chez Facebook, Rob Leathern, a déclaré que la firme, qui a à cœur de régler au plus vite le litige, a récemment mis en place des outils qui permettent aux utilisateurs du réseau social de voir qui fait des publicités à caractère électoral.
À la suite de l’annonce des poursuites lundi dernier, aucun responsable de Google n’a pu être joint en fin d’après-midi pour se prononcer sur le sujet, mais l’un de ses porte-paroles a fait savoir dans un mail que le groupe américain des services technologiques « est pleinement engagé dans la transparence et la publication (des informations) sur les publicités politiques ». Il a poursuivi en affirmant que l’entreprise examine actuellement la plainte portée contre elle et qu’elle collabore avec l’administration du Procureur général de l’État de Washington.
07 juin 2018 La Rédaction