L’Union européenne a décidé de supprimer dès ce lundi 3 septembre à minuit les restrictions qui touchent la vente de panneaux solaires importés de Chine. Certains producteurs européens saluent cette initiative tandis que d’autres y voient un regain d’importations à bas prix.
Ces taxes en cours depuis 2013 visaient au prime abord à mettre l’industrie solaire européenne à l’abri des énormes importations de panneaux chinois. En fin de compte, elles se sont avérées contre-productives puisqu’elles ont conduit à une augmentation des coûts pour les installateurs de panneaux solaires ayant l’habitude de s’approvisionner en Chine et qu’elles ont dans le même temps privé ces installateurs de produits meilleur marché. Les mesures antidumping prises par la Commission européenne concernant les importations de panneaux solaires chinois avaient connues une reconduction en mars 2017 pour une période de 18 mois. À l’époque, l’exécutif avait annoncé qu’il n’envisageait pas de les renouveler. L’organisation Solar Power Europe, qui regroupe les plus grands importateurs et installateurs d’Europe de panneaux photovoltaïques, a approuvé cette décision de l’UE et a laissé entendre que la suppression de ces mesures, qui ont rendu le solaire en Europe plus coûteux que nécessaire, fera désormais de celui-ci la forme d’électricité la plus abordable dans plusieurs pays membres de l’UE.
La Commission estime aujourd’hui que le dispositif mis en place a été efficace en permettant de faire correspondre les prix à l’importation à ceux appliqués sur le marché mondial. Le but de la suppression de ces taxes pour Bruxelles est aussi d’encourager l’expansion des énergies renouvelables.
Durant cinq ans en Europe, les producteurs chinois étaient dispensés de payer des droits à condition qu’ils ne vendent pas leurs produits en dessous d’un prix minimum. Ceux-ci devaient alors respecter un prix de base de 0,56 euro par watt de puissance créée. S’ils vendaient moins cher, ils devaient s’acquitter de taxes pouvant atteindre 64,9 %. Même si le ministère chinois s’est lui aussi félicité de cette issue favorable dans laquelle il voit un « modèle de règlement positif d’un différend commercial grâce à des consultations », cette décision ne crée pas l’unanimité chez les fabricants européens de panneaux solaires qui redoutent une recrudescence des importations massives. Réunis au sein de EU ProSun, ils avaient été les instigateurs de la première plainte en 2012, demandant un allongement du temps des limitations sur les importations chinoises. Ils estimaient qu’une levée de ces mesures serait catastrophique pour l’industrie. Certains parmi eux prévoient d’ailleurs d’exposer l’affaire au niveau de la Cour de justice européenne.
La décision prise par Pékin de restreindre les installations de panneaux solaires en Chine a provoqué des capacités de production qui excèdent les 30 gigawatts, le marché européen en représentant à peu près 7 gigawatts, avec peu d’ouvertures pour les vendre. En effet, les États-Unis ont imposé en janvier 2018 des droits de sauvegarde sur des panneaux solaires en provenance de Chine et l’Inde également envisage d’en faire de même.
Lundi 3 Septembre 2018 La Rédaction