Le prix du pétrole a considérablement baissé au cours de ces derniers mois. Il a même atteint des planchers historiques depuis 2010. Les 100$ le baril habituels sont maintenant bien loin ; avec des cours actuels de 67$ pour le baril de WTI et 72$ pour celui du Brent. Voici les dessous d’une telle chute des prix.
De juin à fin novembre 2014, les cours du pétrole ont connu une baisse continue de 35%. Cette baisse a ramené le gallon en dessous de 3$ aux Etats-Unis. Voici les tenants et aboutissants d’une telle situation.
Au niveau mondial, la production de pétrole a augmenté de façon significative. Elle dépassera d’ici la fin de l’année, les 32 millions de barils par jour. A la base d’une telle hausse, principalement les Etats-Unis. Ces derniers ont en effet substantiellement augmenté leur production. Cette dernière est passée à 9 millions de barils par jour, soit une augmentation de 50% depuis 2008. Il s’agit d’une production record qui n’a plus été observée depuis 1985. Cette hausse de production a été rendue possible grâce à l’amélioration des technologies américaines d’extraction de pétrole et une volonté de redressement de l’économie suite à la crise de 2008-2009. Mais certains analystes y voient également la poursuite de certains objectifs géostratégiques. Mais quoi qu’il en soit, les Etats-Unis sont bel et bien entrés dans la course pour la place du premier pays producteur de pétrole au monde. Mais ils ne sont pas les seuls auteurs du surplus de production observé. La Lybie est également de retour avec ses 800.000 barils journaliers.
Face à la chute des cours du pétrole, les pays producteurs de pétrole réunis au sein de l’OPEP auraient, en temps normal, diminué leur production pour faire remonter les cours. Sauf que cette fois, ils ont décidé de ne rien en faire sous l’impulsion des six pays membres du Conseil de Coopération du Golf que sont l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, l’Oman et le Qatar. Les pays de l’organisation continueront donc à produire les 30.000.000 de barils journaliers convenus il y a trois ans. A la base de cette décision, une volonté de ne pas supporter seuls les coûts de l’ajustement, mais également une volonté d’amener les Etats-Unis à diminuer leur production. Il est à noter que si certains pays tels que l’Arabie Saoudite parviendront à écouler leurs stocks, d’autres comme la Russie ou le Venezuela enregistreront des déficits budgétaires en raison de cette baisse de prix.
Un autre raison expliquant les baisses de cours est le ralentissement des perspectives de croissance mondiale. Ces dernières ont été, par consensus, revues à la baisse. Les grands pays émergents, l’Europe et la Chine notamment, ne donnent pas de signes tangibles de reprise. L’Agence Internationale de l’énergie a, d’ailleurs, revu à la baisse les prévisions de consommation de la Chine (deuxième pays consommateur) et de l’Europe. L’augmentation de la demande mondiale ne dépassera pas le million de barils cette année et 1.2 millions en 2015. Des augmentations qui restent en dessous de celles observées en temps de non-récession.
Compte tenu des enjeux économiques, politiques et géostratégiques qui le gouvernent, le secteur du pétrole est très volatile. Difficile donc de prévoir jusqu’où se maintiendra cette tendance baissière. Mais une chose est sûre, avec la décision de l’OPEP, la volonté des USA de ne pas ralentir pour autant leur production et l’économie mondiale qui ne va pas exploser du jour au lendemain, il est sûr que les cours du pétrole ne remonteront pas de sitôt. Si les analystes de la Banque of America et de BNP Paribas estiment que le cours de pétrole a atteint son plancher et ne devrait plus plonger, ceux de Goldman Sachs n’attendent pas un redressement ou une stabilisation avant la fin du premier semestre 2015.
Jeudi 4 Décembre 2014 La Rédaction