Le sommet du climat de New York a eu sa vedette. Les Rockefeller ont en effet annoncé qu’ils réduiraient de manière significative leurs investissements dans les énergies fossiles. Une décision logique qui s’inscrit dans la ligne stratégique du groupe, mais qui fait sensation de par le statut de la famille Rockefeller.
Le groupe Rockefeller se détourne des énergies fossiles. Tel est le contenu de l’annonce fait sur le site de la multinationale. Retour sur les dessous de ce revirement d’une des plus grosses fortunes pétrolières des Etats –Unis.
L’intérêt que suscite cette annonce de la fondation Rockefeller est plus principalement dû à la place qu’occupaient jusque-là les Rockefeller dans l’industrie du pétrole aux Etats-Unis. Créée en 1870, la Standard Oil of Ohio (puis ESSO puis ExxonMobil) contrôlait 30ans plus tard 90% du pétrole raffiné aux USA ; et ce, sur chaque étape, de l’extraction au marketing, en passant par le transport. John Rockefeller, créateur de cette entreprise qu’il a léguée à ses enfants était considéré, en 1896, comme l’homme le plus riche et le plus puissant des Etats-Unis d’Amérique ; et aujourd’hui, l’homme le plus riche de tous les temps. Il était à la tête d’une fortune qui équivaudrait à plus de 300 milliards de dollars d’aujourd’hui. C’est donc la plus grande figure du pétrole qui vient d’annoncer son retrait de ce secteur qui a fait sa fortune, mais voué à mourir.
Le fond Rockefeller a annoncé que le groupe s’engageait dans un processus bipartite en vue d’alléger sa participation dans les énergies fossiles. La première partie aura pour objectif la réduction des investissements faits dans les énergies fossiles qui devront passer de 7% à moins de 1% de l’ensemble du portefeuille d’investissement. Il réduira pour cela ses investissements dans le charbon et le sable bitumeux, matériau très riche en pétrole. Dans l’annonce, le groupe précisait néanmoins continuer ses analyses afin de définir et préciser ses stratégies. Cette décision n’a rien de brusque puisque depuis 2010, le groupe s’était déjà engagé à investir 10% de ses dotations dans des sociétés œuvrant pour le développement durable. Un intérêt pour les énergies renouvelables de longue date puisque dans les années 80, les Rockefeller avaient investi 2 millions de dollars dans cette branche, sans succès malheureusement. Le groupe n’est cependant pas seul dans sa décision. Il a en effet rejoint la coalition Global Divest-Invest, un groupe d’investisseurs s’intéressant aux énergies renouvelables. Engagée à réduire de 50 milliards de dollars les investissements dans le pétrole et le charbon, elle est constituée de 650 personnes morales et de 180 institutions à la tête de plusieurs dizaines de milliards de dollars.
En s’engageant aux côtés du Global Divest-Invest, c’est un signe fort que lancent les Rockefeller aux investisseurs qui s’intéressent au pétrole. Même si pour le moment, cet événement ne crée pas de mouvement boursier significatif, les investissements dans cette branche diminueront au fil du temps. Les environnementalistes les plus radicaux voient déjà venir, la “dernière heure” du pétrole. Il se murmure même dans les hautes sphères universitaires et financières que les gouvernements acteraient bientôt dans le même sens que le géant de la raffinerie.
Même si l’OPEP a le pouvoir d’influencer directement les cours grâce au jeu des quotas de production, les réserves qui s’amenuisent et la fin des investissements (empêchant par conséquent l’exploitation éventuelle de nouveau puits) vont indéniablement créer un déséquilibre offre/demande ; ce qui ferait s’envoler le prix du baril. Ceci se vérifiera encore plus si on ajoute à cette équation les relations politico-militaro-commerciales des différents acteurs.
A court terme, une hausse du baril pèsera peu sur les économies des pays industrialisés qui ont améliorés leur efficience énergétique respective, mais beaucoup sur les pays émergents. A long terme, l’inadéquation offre/demande conduira à une explosion des cours, ce qui aura un effet terrible sur l’économie mondiale si la dépendance au pétrole n’est pas amoindrie d’ici là.