Il aura fallu deux ans de négociations à Thyssenkrupp et à Tata Steel pour concrétiser leur fusion. Samedi dernier, 30 juin 2018, les deux géants de l’acier ont finalement procédé à la signature de leur accord pour la création d’une coentreprise détenue à parts égales. Il s’agit là de la plus grosse opération dans le secteur de l’acier depuis le rachat en 2006 d’Arcelor par Mittal.
Le groupe allemand Thyssenkrupp a annoncé vendredi que ses conseils d’administration et de surveillance ont pris la décision de créer avec l’indien Tata Steel une société sidérurgique qui regroupe leurs activités. Officialisée le lendemain de cette déclaration par les deux parties, la nouvelle entreprise qui devrait être dénommée Thyssenkrupp Tata Steel se focalisera sur la production d’acier de qualité supérieure et créera 48.000 emplois pour un chiffre d’affaires commun de 15 milliards d’euros. La fusion est prévue pour entrer en vigueur fin 2018 ou début 2019 selon le niveau d’avancement des négociations en cours avec les autorités antitrust de l’Europe. Thyssenkrupp Tata Steel deviendra ainsi le numéro deux de la sidérurgie en Europe derrière ArcelorMittal.
Thyssenkrupp espère de cette opération une accélération de son recentrage sur les produits technologiques et les biens industriels, qui réduira par la même occasion sa dépendance vis-à-vis du domaine plus instable de l’acier. Heinrich Hiesinger, le président du directoire du géant allemand, a affirmé que la coentreprise est l’unique solution pour créer une valeur ajoutée de cinq milliards d’euros environ pour les deux groupes. Le siège de la société commune sera basé aux Pays-Bas dans la région d’Amsterdam.
La signature de l’accord était prévue pour le début de l’année puis l’opération a été reportée à fin juin. Ce nouveau délai a failli être remis en cause en raison d’une mésentente concernant un écart de valorisation. Thyssenkrupp a fait savoir que cet accord a prévu une compensation acceptable pour supprimer cet écart de valorisation qui tourne autour de 500 millions d’euros. L’accord intervient dans un contexte où depuis le début du mois de juin, les sidérurgistes européens se sont vus imposer des droits de douane de 25 % sur leurs exportations vers les États-Unis. Les actions de Voestalpine, Thyssenkrupp, ArcelorMittal et Salzgitter ont alors connu une perte allant de 8 % à 17 % de leur valeur.
Source: Compte Twitter de Thyssenkrupp
Depuis leur accord préliminaire de septembre dernier, les performances opérationnelles de la division acier de Thyssenkrupp ont été meilleures que celles de Tata Steel en Europe, ce qui a conduit les deux entreprises à procéder à un ajustement de la valeur des actifs que recevra la future entité. Celle-ci tablera sur des synergies de 400 millions à 500 millions d’euros par an dont l’essentiel sera dégagé au cours des trois premières années de la coentreprise. La direction de Thyssenkrupp présentera dans la deuxième semaine de juillet au conseil de surveillance un plan stratégique détaillé qui pourrait impliquer la liquidation de sa division Material Services et plusieurs réductions de coûts.