Le 30 avril dernier, Tony Hsieh, PDG de Zappos, une firme californienne spécialisée dans la vente de chaussures et de vêtements, a démis de leurs fonctions tous ses managers pour opter pour l’holacratie, un nouveau style de gestion dans lequel les « chefs » et la hiérarchie classique n’existent plus et où l’autogestion est fortement promue.
Henri Ford, du fond de sa tombe, devrait râler. L’holacratie, est-ce en effet un bon choix pour une entreprise qui compte environ 1500 employés ? Une entreprise de cette taille peut-elle être sans manager ?
L’holacratie, qu’est-ce c’est ?
Créée depuis 2001 par l’américain Brian Robertson, fondateur de l’entreprise de logiciels Ternary Software, l’holacratie, bien qu’elle supprime la hiérarchie classique, reste malgré tout un système avec des règles et des principes. Ainsi, des décisions sont toujours prises dans ce mode de gestion. La différence avec le système classique réside fondamentalement dans le fait que l’autorité n’est plus dans les mains d’un seul chef. Chaque employé dans ce système est un responsable dans son domaine d’expertise. Les agents évoluent au sein de cercles qui sont comme des équipes qui disposent d’une grande autonomie en ce qui concerne leurs fonctionnements respectifs. Les membres de chaque cercle ont la possibilité de partager leurs idées en toute liberté lors de réunions organisées à cet effet. A ce jour, outre Zappos, une bonne centaine d’entreprises à travers le monde expérimentent ce mode de gestion naissant. C’est le cas par exemple du Technology Office dont une équipe travaille suivant ce modèle depuis 5 années.
« Nous voulons que Zappos fonctionne comme une ville »
Plus tôt cette année, la firme avait avoué ses projets d’expérimentation, du moins d’adoption de l’holacratie. En effet, en janvier Tony Hsieh expliquait au site Quartz les ambitions de la firme en ces termes : « nous voulons que Zappos fonctionne davantage comme une ville et moins comme une organisation bureaucratique, du haut vers le bas ». Le fondateur de Zappos semble trouver dans cette approche la clé pour bâtir une entreprise qui se développe de façon durable et pérenne. C’est sans doute ce qui le motive à poursuivre : « Regardez les entreprises qui existaient il y a 50 ans dans le Fortune 500 – la plupart ont disparu aujourd’hui. Les entreprises ont tendance à mourir, mais pas les villes ».
De nombreux départs
Si Tony Hsieh reste très optimiste quant à la réussite de la firme avec ce style de gestion, il faut souligner toutefois que la mise en application de l’holacratie n’est pas toujours bien accueillie au sein de l’entreprise elle-même. C’est d’ailleurs ce qui justifie le départ de 210 personnes sur les 1500 travailleurs, soit 14% des employés au 30 avril, selon les chiffres rapportés par le Wall Street Journal. Fort heureusement, Hsieh avait anticipé cela et avait proposé en début d’année d’offrir 3 mois d’indemnités à ceux qui décideraient de partir jusqu’au 30 avril, car comme il l’explique si bien dans une lettre adressée aux actionnaires de la firme : « à long terme, un employé qui reste quelque part où il ne souhaite pas être n’est pas sain, ni pour lui-même, ni pour l’entreprise ».
Mais Zappos survivra-t-elle à une gestion sans manager ? Si la firme de Tony Hsieh réussit cet exploit avec ses quelques 1300 employés, l’holacratie pourrait bientôt être adoptée par de nombreuses autres grandes firmes sur tout le globe.
Mercredi 3 Juin 2015 La Rédaction