La visioconférence n’a jamais été aussi utilisée que maintenant. En tête des applications qui connaissent le plus grand succès, il y a Zoom. Si l’application existe depuis plusieurs années, elle est tout le temps restée dans l’ombre des autres outils comme Skype. Aujourd’hui, elle a réussi à éclipser la concurrence, même les applications les plus emblématiques comme Skype. À quoi doit-elle un tel succès ? Que cache réellement ce succès ?
Le contexte de confinement actuel a fait émerger des outils jusque-là restés dans l’ombre des applications traditionnelles. Zoom s’est imposé comme l’application par excellence des réunions professionnelles, avec l’explosion du télétravail. Avant son explosion, c’était l’usage exclusif auquel elle était destinée. Aujourd’hui, on lui a trouvé d’autres utilités.
Certains présentent cette application comme une sérieuse alternative pour les présentations de produit ou de séminaires. Elle n’a pas seulement séduit l’univers de l’entreprise. Elle s’est aussi imposée comme outil pour l’école à domicile et de plus en plus d’internautes l’utilisent entre amis pour des apéros virtuels. Les usages sont allés plus loin, avec des mariages célébrés via Zoom et même des funérailles. Les salles de yoga y ont également trouvé leur bonheur.
Comme vous le voyez, Zoom est une application extrêmement modulable. Vous pouvez en faire ce que vous voulez puisqu’elle est gratuite, mais pendant 40 minutes seulement. Son succès serait boosté par sa facilité d’utilisation qui fait entre autres partie de ses nombreux avantages.
Les contraintes géographiques ou temporelles ont toujours été surmontées par l’utilisation d’applications de visioconférence. En tête d’affiche, des plateformes comme Skype, Google Hangouts, FaceTime, Teams, Jitsi ou encore Webex. Leurs volumes d’échanges en messagerie vidéo sont phénoménaux. Il n’a cependant fallu que de quelques jours pour se faire évincer par Zoom dans le cœur des internautes.
Aucune de ces applications n’a connu son succès. Zoom est devenu l’application gratuite la plus téléchargée sur l’Appstore. Alors qu’elle n’enregistrait que 10 millions d’utilisateurs journaliers, elle est désormais passée à 200 millions en quelques jours. Son expansion est telle qu’elle a fait monter sa cote à la Bourse des valeurs technologiques, le Nasdaq. Le bond de son action est estimé à 130% depuis janvier 2020.
Pour télécharger Zoom, il suffit de cliquer sur un lien. Elle permet à 100 personnes de partager le même écran et de converser simultanément. Votre chambre est mal rangée, vous pouvez choisir l’un des fonds d’écran proposés pour la cacher. L’outil dispose de nombreuses fonctionnalités intéressantes comme la désactivation de micros. Au bout des 40 minutes gratuites, il faut un abonnement payant pour les discussions en illimité et pour les autres fonctionnalités.
Visiblement, il semblerait que Zoom soit du pain bénit pour les amateurs de visioconférence. Ne serait-elle pas plutôt victime d’un effet boule de neige ? La peur d’être déconnecté à pousser de nombreuses personnes à l’adopter en masse, l’application ayant été présentée comme la solution miracle.
Pourtant, sur le papier, les applications empiriques sont nettement plus complètes, avec des fonctionnalités plus pratiques. Par exemple, plusieurs amateurs d’outils Google continuent de les utiliser, surtout pour les cours en ligne. Il semblerait que la suite éducative soit bien plus complète et plus en accord avec l’enseignement en ligne. Avec Google, il est même possible d’envoyer des emails rattachés à l’établissement à tous les enseignants et les apprenants.
Derrière le beau tableau qui a été peint, Zoom a aussi ses failles. Que son utilisation initiale ait été détournée pour les apéros, les mariages ou les cérémonies religieuses ne fait que montrer la polyvalence de la plateforme. Malheureusement, elle a aussi servi à de graves dérives pornographiques et parfois des menaces. Ce sont des dérives propres à n’importe quelle plateforme de ce type.
Par contre, là où Zoom pose sérieusement problème, c’est par rapport à ses problèmes de sécurité. L’application aurait une sérieuse faille en termes de protection des données. Il a été révélé par Vice, un média américain, que des données personnelles d’utilisateurs étaient fournies à des tiers, en l’occurrence à Facebook.
Dans les États américains de Floride, de New York et du Connecticut, des procureurs ont ouvert des enquêtes sur les pratiques de l’entreprise à l’origine de l’application en ce qui concerne sa politique de sécurité et protection de la vie privée.
À la suite de ses révélations, le patron de Zoom, Eric Yuan, a reconnu dans une lettre ses failles, avouant que son entreprise n’a pas été à la hauteur en ce qui concerne la sécurité et la protection de la vie privée. Selon lui, l’élargissement de la base d’utilisation à des internautes autres que les clients professionnels et la naissance de nouveaux usages de l’application aurait fait émerger de nombreux problèmes sous-jacents inconnus jusque-là. Il a cependant promis que des mesures de correction.
En attendant, l’après-confinement risque d’être une période difficile pour Zoom. Le retour à la réalité confirmera ses insuffisances, à savoir que l’application est monotâche et propose beaucoup moins d’options que la concurrence.
Jeudi 9 Avril 2020 La Rédaction